Le retour de Ciara Princess Harris avec son sixième opus, sobrement intitulé Jackie et près de deux ans  après l'excellent album éponyme Ciara, préside à de nombreux bouleversements dans la vie de l'artiste. En tête de ceux-ci, la naissance de son enfant et la rupture d'avec le rappeur Future, auxquels elle dédie deux titres (respectivement "I Bet" et "I Got You"). De quoi bouleverser le petit monde de la princesse du Crunk 'n' B, entre nouvel élan et errements artistiques.

De fait et à bien des égards, Jackie est un album pluri-sonique, aux commandes duquel on repère les noms de Polow Da Don, Dr Luke ou encore The Underdogs. Une brochette de producteurs dont les faits d'armes ne sont pas à prouver, mais qui s'insèrent avec difficulté dans la discographie de Ciara. Il faut dire que cette dernière a longtemps travaillé son public avec un juste équilibre situé entre balades et titres hip-hop aux accents pop, conçus pour court-circuiter les dance-floors.

Et si Jackie n’est pas loin d’atteindre ce même équilibre, l'opus peine sur des titres poussifs (les Jennifer Lopez-esque "Stuck On You" et "Give Me Love") aux contours presque trop pop pour vraiment appartenir à l'interprète de "Goodies" et de "Like A Boy".

Heureusement, tout n'est pas à jeter dans l'album et Ciara semble entrer en écho avec les goûts du jour. Si l'utilisation de l'électronique devient parfois très lourde, à la façon du titre "That's How I'm Feelling" (condamner par la participation nocive de Pitt Bull, puis racheter par un couplet de Missy Elliott), Jackie réussit malgré tout à fournir quelques perles. En tête de liste, "B.M.F" qui tire son épingle du jeu à la manière du "I'm Out" extrait de l’album de 2013. "B.M.F" table sur un hip-hop nerveux et à la rythmique mouvementée, pas très éloignée de la nouvelle direction artistique d’une Beyoncé. Ou encore "All Good" qui rappellera à certains, les expériences stylistiques de Janet Jackson (période "Rythm Nation" - "The Velvet Rope"), avec son refrain sur positif, ses percussions et sa ligne de guitare empruntant à l'ouest africain.  Un exercice dans lequel on aimerait la retrouver bien plus souvent et qui s'efface bien trop facilement face à une pléthore de productions pop matinées d'une production shoegaze.

"Kiss & Tell" et surtout "Only One" basculent trop facilement du côté pseudo-indie de l'industrie de la musique et viennent invariablement marquer cet album comme un pur produit commercial dénué d'une véritable âme artistique. Du coup malgré toutes ses promesses, Jackie échoue là où son prédécesseur, Ciara, avait marqué les oreilles avec l'insolence et le talent qui avait valu à la chanteuse une place de choix sur les podiums du R’n’B.