Atelier d'interprétation dirigé par Bernard Sobel avec Nacima Bekhtaoui, Valentine Catzéflis, Wallerand Denormandie, Baptiste Drouillac, Antoine Joly, Jean-Baptiste Lafarge, Clara Lama Schmit, Mina Lemaignen, Alyzée Soudet, Bachir Tlili, Damien Toubal et Vénia Stamatiadi.
Dans le cadre de l'atelier d'interprétation de 3ème année du CNSAD, Bernard Sobel dirige avec sa collaboratrice Michèle Raoul-Davis une partie des élèves de la promotion sortante sur "L'Opéra du gueux", oeuvre du 18ème siècle, dont est sans doute mieux connue du grand public la version contemporaine, "L'opéra de quat' sous" signée Bertold Brecht et Kurt Weill.
Ecrite par le dramaturge anglais John Gay, cette pièce s'inscrivant dans le style de la la "ballad opera", opus comique comportant des dialogues parlés alternant avec des solos de chant, et devenue une pièce musicale par l'intervention subséquente du compositeur Johann Christoph Pepusch, cette oeuvre dresse une satire philosophico-politique des travers et perversions de la société urbaine de l'époque gangrenée par le capitalisme, et ses corollaires que sont la financiarisation génératrice de corruption et la marchandisation de l'être humain, transposées dans les bas-fonds londoniens.
Dans le microcosme des gueux du quartier de Newgate, règnent en compères avisés Peachum, le gueux industrieux qui a droit de vie et de mort sur ses ouailles composant une véritable cour des miracles, et Lockit, le directeur de la prison qui assure la police locale.
Tout irait pour le mieux dans le pire des mondes où "les pauvres sont aussi vicieux que les riches", si le bandit Macheath, qui, outre d'avoir séduit et abusé Polly, la fille de l'un, et engrossé Lucy, la fille de l'autre, ne jouait pas les trublions ce qui déclenche une guerre des gangs et la vengeance de l'honneur
Bernard Sobel a choisi de ne garder que le texte original de John Gay, donc avant l'adjonction de la musique additionnelle de Pepusch, avec de surcroît une réduction drastique des chansons qui rythmaient la partition.
Le spectacle pâtit du choix du chant a cappella qui n'est pas concluant et d'une mise en scène étique et très statique qui ne rend pas compte de la fresque animée et pittoresque dressée par John Gay.Par ailleurs, le jeu incertain, voire atone, de certains élèves semble présumer d'un travail inabouti en laissant une impression de flottement.
Cela étant, se démarquent, dans le rôle de Peachum, Antoine Joly également narrateur en adresse directe au public et, Alyzée Soudet et Valentine Catzéflis, respectivement Polly et Lucy, dans la scène de "crêpage de chignon" des rivales trahies mais néanmoins amoureuses.
Et mention spéciale à Mina Ly pour les costumes réalisés avec le fin PVC blanc utilisé pour les alèses qui sont en adéquation avec les personnages figurant sur les reproductions des gravures de William Hogarth qui illustraient le texte original et présentées sous forme de kakémonos dissimulant des potences qui constituent, avec quelques malles en osier et bottes de paille, un judicieux décor.
