Celine Neon, c’est la rencontre d’abord par email interposé, puis en chair et en os de deux femmes au comportement artistique erratique. Maggie Kubley et Emily Nejad sont deux fans de musique pop et brassent un large spectre d’influences qu’elles digèrent avec l’économie alimentaire d’un boulimique.
Comprendre que le premier EP du duo sorti chez Kujad Records en février dernier est une véritable épiphanie pop de 7 titres et qui n’a rien à envier à aux grands noms de l’industrie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nom du duo (ou du trio, Will Kubley, frère de Maggie, signe les productions) s’apparente à une référence à Céline Dion passé sous un filtre éthylique, comme le confesse volontiers Maggie et Emily.
Dès l’ouverture de l’opus, Celine Neon met les grands plats dans les difformes avec "Getcha Good" et balance une éléctro-pop obsédante et barrée, proprement écartelée entre des percussions jouissives et un gimmick électro hallucinogène. Rien que ça ? Pas vraiment. Même si le titre "Getcha Good" se construit autour d’un refrain facile et d’un rire maniaque, le duo affirme très vite son esthétique bâtarde, stylisée sous l’appellation fantasque mais imagée de "Grime Pop".
Si "Depresh" vient traiter de la dépression avec la légèreté et l’humour caractéristique du groupe, "Vacation Time" et "Cycle" empiètent sans complexe sur les territoires sonique d’un Trent Reznor. Une impression renforcée par les paroles "It’s a cycle and I do it again" exploitées comme un mantra à la façon d’un Nine Inch Nails sur "Every Day is Exactly the Same". Mais la comparaison prendra fin ici, aussi sûrement que l’incendie gagnera en ampleur grâce aux titres "Bleach" et "Plz Party", véritables extravagances musicales puissantes et urgentes émulant un minimum le son et à l’attitude d’une Peaches.
A l’aide de cet EP, Celine Neon met en place un édit promulguant la fête et le divertissement au statut de devoir civique. Pourtant, le duo reste maître de ses actions et ne se laisse pas complètement emporté par une utilisation trop lourde de l’électro. Au contraire, puisqu’il nous prouve avec "Nothing 4 U" qu’il est capable au besoin de balancer des titres à la rythmique moins lourde, mais tout autant réussis. Premier EP et véritable succès, cet opus éponyme campe à la perfection le rôle d’introduction à l’univers de Celine Neon. Une électro un peu cheap et sans complexe dont le rôle principal est de ne pas se prendre au sérieux, prétexte idéal pour lancer une soirée en bonne et due forme.
