Il est philosophe et nous propose de nous pencher sur la démocratie. Oui, rien que ça. Nicolas Grimaldi a déjà publié des essais sur Proust, la jalousie et l’amour, et c’est la première fois qu’il s’attaque à la politique dans ce dernier essai : Le crépuscule de la démocratie.

Rien que le titre vaut le coup d’œil. N’est-il pas un brin racoleur ? Comment prétendre être au crépuscule de l’idéal démocratique que nous avons élaboré au prix de tant de batailles ? Comment oser penser que notre sacro-saint régime politique longuement et passionnément construit s’achève ?

Justement, la France en a un peu marre de combats et de débats échevelés. Elle aspire à un peu de tranquillité (méritée ?). C’est ainsi que les politiciens se sont retrouvé entre eux, cercle d’intimes s’offrant postes et promotions en vu de leur épanouissement personnel. La France semble dirigée par une bande de baratineurs qui ne croient pas ce qu’ils promettent, et qui promettent pour plaire. Une bande d’actionnaires intéressés par le profit. Une bande de garnements se lançant des cailloux par médias interposés.

Pour traduire le constat de Nicolas Grimaldi, essayez de raconter la naissance de la démocratie, pourquoi la France a balbutié dans l’établissement de sa République, pourquoi nous avons changé 5 fois la Constitution en 200 ans, comment fonctionne la séparation des pouvoirs…

Vous serez face à l’étendue des faits : la démocratie ne s’est pas faite en un jour. Elle a également été "créée" dans un esprit d’égalité et de liberté collective. Les dirigeants sont choisis par la majorité dans le but de porter leurs aspirations d’une seule voix et dans un seul but : le bonheur de chacun. Et quand on constate le dépit et l’amertume de millions de citoyens se détournant des urnes, on se demande naïvement "mais comment en est-on arrivé là ?".

C’est aussi ce que s’est demandé Nicolas Grimaldi. Les citoyens n’expriment plus que leur mécontentement dans les défilés de rues et manifestations, et la démocratie a la solution : le peuple a dit non, on ne fait pas. Pourquoi se battre ? D’ailleurs "le pouvoir pour tous" n’abolit-il pas les hiérarchies ? Ainsi tout le monde a un avis bien tranché sur toutes les questions. Par horreur de toute inégalité, n’importe qui vaut n’importe quel autre "Sans rien connaître d’une discipline ni avoir jamais enseigné, tout un chacun se sent néanmoins compétent pour critiquer la méthode de ceux qui enseignent".

Les citoyens se considèrent comme les clients. Ils contestent donc la marchandise. L’exercice du pouvoir (comme faire appliquer une loi) s’assimile à l’abus de pouvoir. "Platon disait que la démocratie est une sorte de foire où chaque corporation, chaque groupuscule prétend imposer sa loi tout en tolérant que tous les autres aient la leur". Du coup, pas moyen d’unir tout le monde.

Le problème viendrait de l’individu. Faire passer le devoir collectif avant la satisfaction personnelle. Ça ne va pas trop avec la société individualiste composée par le capitalisme consumériste. Et puis jusque maintenant, l’ensemble des citoyens aspirait à un même objectif : reconstruire la société après les guerres et les chambardements du XXème siècle. Maintenant que c’est fait, chacun est retourné à ses préoccupations personnelles. La démocratie telle que nous l’avons pratiquée jusque maintenant change de contexte. Elle aurait donc bien besoin d’un petit lifting.