Comme elle a précédemment invité la la revue HEY!, consacrée à l’art plastique underground, la Halle Saint Pierre accueille la maison d'édition Les Cahiers dessinés fondée par le dessinateur et écrivain Frédéric Pajak et dédiée à la publication d'ouvrages consacrés au dessin.
Ce dernier et Martine Lusardy, directrice de la halle Saint Pierre assurent le commissariat de l'exposition éponyme qui présente un florilège d'oeuvres graphiques qui ne ressortissent pas uniquement à l'art brut, pré-carré du lieu.
En effet, la Halle Saint Pierre s'ouvre son champ monstratoire et cette exposition est particulièrement bienvenue.
En effet, d'une part, elle se focalise sur l'oeuvre graphique souvent considérée comme mineure voire marginale au regard de la production picturale et, d'autre part, met en évidence ce qui émerge de toute monstration d'art brut et qui tient à ses résonances tant stylistiques que thématiques voire sémantiques de ce dernier avec les oeuvres de l'art tel qu'il est généralement défini par rapport à la posture d'artiste.
Les Cahiers dessinés, le dessin dans tous ses états
Sans restriction spatio-temporelle ni de genre, l'exposition offre un très large panorama puisqu'elle couvre deux siècles et réunit les oeuvres de plus d'une soixantaine d'artistes de toute nationalité et, de surcroît, de notoriété différente.

Point de ségrégation non plus quant au genre ou au médium. Caricature, illustration, portrait, paysage, collage, crayon, aquarelle, encre, techniques mixtes sont représentés et les oeuvres font l'objet d'appariements qui incitent à la réflexion.
Au gré d'une déambulation informelle, le visiteur pourra découvrir,les dessins d'écrivains de Victor Hugo à Copi.
De même pour que les dessins de peintres de Félix Vallotton à Pierre Tal-Coat en passant par des membres du mouvement CoBrA, qui militait pour le retour à l'art instinctif proche de l'art brut tels Pierre Alechinsky et Christian Dotremont, et de plasticiens comme Kiki Smith.

Les artistes consacrés de l'art brut sont également présents comme le comte de Tromelin, Laure Pigeon et Maurice Bascoulard, clochard qui troquait des dessins de la ville de Bourges pour vivre, et pourra découvrir deux artistes pour la première fois en France, Josefa Tolra et Alejandro Canales Saenz.
Une large place est faite aux dessinateurs illustrateurs ainsi qu'aux dessinateurs humoristes et satiriques.
Notamment de presse, de Siné à Willem en passant par Reiser, Chaval et Sempé qui bénéficie d'une focus particulier.
Tout comme Roland Topor, dessinateur aux multiples autres casquettes, pataphysicien et co-fondateur avec entre autres Olivier O. Olivier figurant également dans cette exposition, du mouvement Panique.

Neuf croquis dont le célèbre et magnifique "Pinocchio qui se fait Marameo" pour lequel il a reçu le Prix Une vie pour l'illustration témoignent de son univers baigné d'humour noir qui oscille entre outrance comique et désespoir existentiel.
Pas de temps à perdre donc pour se rendre à la Halle Saint Pierre.
