Récital de chansons interprété par Sandra Aliberti accompagnée par les musiciens Bertrand Ravalard et Lionel Mendousse dans une mise en scène de Laure Pierredon.
Avec "Des voyageurs dans ta voix... Ferré", Sandra Aliberti propose un récital consacré au répertoire du grand auteur-interprète qui figue au panthéon de la chanson française.
Ce récital ne ressortit pas à l'hommage compassé en ce qu'il ne comporte aucun des titres-phares inscrits dans la mémoire collective et résulte d'un choix totalement subjectif parmi les chansons moins connues, et qui exclut celles du Ferré libertaire comme du Ferré pathétique, pour s'attacher à une immersion dans l'univers d'un romantique amoureux avec l'amour en coeur de cible.
Et comme il est ponctué de textes tout simplement dits, il s'apparente à un récital poétique. D'autant qu'en la forme, Sandra Aliberti n'oeuvre pas dans le registre "cabaret rive gauche" qui fut celui des emblématiques interprètes féminines de Ferré dont la nature ou la personnalité vocale impactait leur réappropriation des textes.
Par ailleurs, bien qu'également comédienne, elle ne verse pas davantage dans la chanson théâtralisée à laquelle elle préfère la sobriété sensible.
Dépourvu d'intermède jacassier comme de démonstrativité spectaculaire, habillé des lumières douces de Jacques Besse, et sous la direction de Laure Pierredon, le spectacle s'égrène doucement comme un album intime dont sont tournées les pages.
Accompagnée par une formation originale piano/violon tenus respectivement par Bertrand Ravalard et Lionel Mendousse qui, par ailleurs, ont concocté des arrangements musicaux inspirés qui ne dénaturent pas la partition originale tout en lui apportant des couleurs inattendues, Sandra Aliberti laisse sa voix être portée, et parfois chavirée, par les textes de Léo Ferré, Louis Aragon et Jean-Roger Caussimon qui fut son contemporain, son homologue, son ami et son parolier privilégié.
Et c'est fort naturellement que cette véritable ode à l'amour nimbée de spleen nourri de solitude et de mélancolie, en guise de voyage en-chanté vers la terre de la poésie intemporelle dont Sandra Aliberti est la vigie et la sirène, se clôt en majesté, avec "L'age d'or".