Réalisé par Katia Lewkowicz. France. Comédie. 1h34 (Sortie le 26 novembre 2014). Avec Marina Foïs, Noémie Lvovsky, Laura Smet, Sarah Adler , ola Dueñas, Jonathan Zaccaï, Michaël Abiteboul, Dominique Labourier et Richard Sammel.

Le deuxième long métrage de Katia Lewkowicz est ambitieux puisqu'elle présente "Tiens-toi droite !" comme un film traitant de l’histoire de la femme des années 50 à celle d’aujourd’hui et de l'oppression des femmes par les femmes en ce qu'elles se soumettent à l'injonction sociétale qui tient à ce que la femme contemporaine doit être simultanément "la maman et la putain, la mère au foyer qui se met à travailler et la working-girl qui essaie d’aimer".

Pour dresser cet état des lieux de la féminité, elle use du procédé du destin croisé de trois femmes mues par "une volonté farouche d'évolution" qui se cristallise autour de la conception d'un nouveau modèle de poupée mannequin qui dynamiterait les codes de la fameuse et indéboulonnable poupée Barbie perçue comme le symbole d'oppression des femmes soumises dès l'enfance aux fantasmes masculins.

Et la conception de cette poupée du 21ème siècle figure de la femme nouvelle, est présentée comme une Genèse métaphorique, celle de l'ère du féminin peut-être, dès lors qu'elle se déroule sur une période de sept jours rythmés par l'antienne "il y eut un soir, il y eut un matin".

Pour représenter les trois archétypes féminins, la réalisatrice a créé trois figures représentatives de rien sinon d'elles-mêmes, issues d'un même contexte sociologique - l'origine sociale (le milieu ouvrier) et l'implantation géographique (une région de la France dite profonde, en l'occurrence le Nord-Pas de Calais) - et présentant le même profil psychologique tenant à l'absence de figure paternelle aimante.

En effet, ce sont trois déclinaisons de femmes sans père, l'une née d'un père inconnu même de la mère, l'autre née d'un père "universel", le patron pratiquant le droit de cuissage de ses employées, et la dernière rejetée par un père troublé par sa puberté précoce qui l'amène à être reléguée outremer.

La première (Noémie Lvovski) est devenue une femme au foyer et une mère de famille heureuse qui ne se pose pas de question jusqu'au jour où la réaction violente de son mari à la naissance de leurs énièmes filles éveille sa conscience politique qui l'incite à acquérir son indépendance économique.

La seconde (Marina Foïs), gestionnaire du pressing "paternel" et quadra rance, sans ami, sans mari, sans enfant, qui veut "en avoir "comme un mec, usant de la promotion canapé, se propulse, par l'entregent de son amant, consultante dans une usine de poupées.

La troisième (Laura Smet), névrosée en perpétuelle quête d'amour devenue femme-objet, revient en grande pompe au pays natal auréolée d'un titre de Miss de série B et se vend comme image de marque d'un riche industriel.

Souvent filmées hébétées et hagardes comme des lapins saisis dans la lumière des phares d'une voiture, ces femmes aux motivations différentes voire antinomiques qui s'inscrivent dans une démarche personnelle et non fédératrice ne parviennent pas à donner du souffle aux thématiques potentielles qui ne sont qu'évoquées, et jamais approfondies, et, de surcroît, phagocytées par un traitement anecdotique de style téléralité "C'est ma vie".

Au plan filmique, la récurrence de scènes chorales caractérisées par un tourbillon permanent et le montage saccadé résultant de l'imbrication de trois récits - qui correspondent au parti-pris "stylistique" de Katia Lewkowicz de ne pas suivre les principes narratifs et donc de systématiser la déconstruction - aboutissent à un patchwork qui ne parvient pas à capter l'attention, ni à inspirer la réflexion, ni même à susciter l'émotion.