Derrière STAL se dissimule le jeune Pierre-Marie Maulini, ancien collaborateur de M83 et producteur à ses heures perdues. Avec STAL, il explore une pop atypique, aux accents rock et se mâtinant d’électro au détour de quelques phrasés épiques. Vous l’aurez compris, STAL propose tout un programme basé sur l’évasion et le rêve. Porté par des productions énergiques et exécutées d’une main de maître, le nouveau venu met les petits plats dans les grands, avec un premier EP intitulé Gone.
Véritable invitation au voyage, Gone est aussi un clip interactif, dans lequel le public peut prendre le contrôle de la caméra, comme pour mieux s’imprégner de l’atmosphère musical du titre. Et quand il est question de live, force est de constater que chaque déploiement sonique, chaque note et chaque mouvement viennent frapper juste, en emphase parfaite d’avec les sentiments évoqués par Gone. Après un concert mémorable dans le très sélect Silencio, STAL a bien voulu échanger avec Froggy’s Delight, rencontre.
Je me suis laissé entendre que ton premier album est en cours de finalisation, presque terminé, quel est ton plan d’attaque ?
Pierre-Marie Maulini : Du travail de terrain, gagner en visibilité faire des concerts comme celui au Silencio en octobre dernier ! On a sorti notre EP, histoire d’interpeller sur le projet, mais l’album devrait arriver début 2015. La musique de STAL est intemporelle donc on n’est pas non plus trop pressé, notre musique et le projet STAL se veulent être à long terme. En tout cas on veut faire les choses bien.
Avant Stal, il y avait ton groupe avec ton frère A Red Season Shade.
Pierre-Marie Maulini : C’est le point de départ de tout. Je suis parti du groupe en 2008 quand j’ai fait la tournée avec M83, je n’arrivais plus à concilier les deux. Mais cela a était une expérience enrichissante très "do it yourself". On a fait nous-mêmes nos propres tournées en Europe, cela nous a même beaucoup forgé. C’est comme ça qu’on a rencontré Anthony (NDLR : Gonzales de M83), on était à Amsterdam dans un bar et on a entendu un titre de M83, en regardant les crédits on a découvert qu’il était de la même région (Antibes – Nice). Peu de temps après, on est rentré en contact ensemble via Myspace, on s’est lié d’amitié puis en 2008, il m’a invité à jouer sur sa tournée.
Avec Red Season, tu prends le temps de développer tes musiques : introduction-passage épique-conclusion, ce n’est pas très radio Friendly, plus de 4 minutes, c’est réfléchi ou tu ne calcules pas du tout ?
Pierre-Marie Maulini : Sans essayer de me vendre à outrance, j’ai tendance à être plus radio friendly et plus pop, dans le sens où j’essaie d’atteindre plus de personnes. Mais je n’essaie pas d’atteindre un "format tube". Après c’est aussi issu de mes influences, celles que j’ai digérées, Sigur Rós ou Mogwai, mais ça reste clairement inconscient. Je cherche surtout à offrir un son généreux et massif.
Massif, c’est le mot. Si l’impressionnante acoustique du Silencio est pensée pour un rendu du son exceptionnel, le groupe lors de ce concert a su tirer parti des avantages de la scène. Chaque titre s’est ainsi permis de rouler et gronder, à la façon des rouleaux d’une mer déchainée avant de frapper chaque oreille du public d’une façon aussi implacable qu’efficace. Une expérience purement euphorique.
Tu es donc plus proche de la définition primaire du mot "pop", au sens populaire ?
Pierre-Marie Maulini : Exactement, je veux atteindre beaucoup de gens, sans pour autant faire un tube sans fond. On travaille beaucoup les sentiments et les émotions, pour toucher le public.
Avant Gone, il y a eu un EP un peu plus confidentiel qui t’as permis de jouer à la Gaité Lyrique ou au Trabendo ou en première partie de Whomadewho. Ton public te labellise souvent avec les mots tristesse, pourtant j’ai la sensation que tu contrebalances avec de grosses embardées mélodiques ou avec beaucoup de couleurs comme dans ton clip pour Gone, d’où vient cette dichotomie ?
Pierre-Marie Maulini : L’espoir est une notion très importante pour moi. Encore plus aujourd’hui, vu l’état des choses. Je me pose à l’opposé de la vision négative, rien ne sert de se plaindre autant rester positif et aller de l’avant. Je peux traiter de thèmes sérieux dans ma musique mais jamais sans perdre l’espoir de vue.
Tu es aussi producteur, tu as produit des titres pour le dernier album de VV BROWN.
Pierre-Marie Maulini : J’ai dû lui écrire à peu près 21 chansons, et parmi les 4 qu’elle a retenues, c’est sûrement les plus spéciales ! (rire) Alors que je lui avais fait des titres plus accessibles. Mais ça s’est fait très rapidement, on m’a un jour demandé de faire des sons dans un style particulier, d’après la démo de "Samson". Ça lui a plus et j’ai eu la chance de travailler avec Dave Okumu. Avec VV, on a fait une journée ensemble et ça s’est très bien passé. Je suis content d’avoir participé à ça.
Si les titres produit par et pour STAL relèvent une certaine joie, Pierre-Marie Maulini, prouve qu’il possède plus d’une carte à son jeu, en produisant des titres sombres et stylistiquement léchés pour d’autres artistes. Pour l’album Samson & Delilah de VV Brown, il a produit les titres "Substitute for Love", "I Can Give You More", "Knife" et "Warrior".
STAL va te prendre pas mal de temps, tu te vois continuer à faire de la production ?
Pierre-Marie Maulini : Je suis un boulimique du travail, donc même avec STAL, je trouverai le temps de faire de la production. Et puis c’est super enrichissant de rencontrer et travailler avec d’autres artistes. Même des musiques pour des pubs, films et documentaires ! Sinon je fais aussi des remix à côté.
Une boulimie qui lui réussit. Son remix du hit de Tinashe "2 On" (à l’inverse de ses propres titres, très intemporel) s’inscrit facilement dans le zeitgeist sans pour autant céder aux sirènes de la facilité. Sur sa version du hit "Chandelier" de SIA, il réussit à imposer son sens de l’espace sonique à la voix chaude de la chanteuse, une affaire qui n’est pas des plus simples.
Musicalement, tu es un peu à part sur la planète parisienne.
Pierre-Marie Maulini : A Paris, on sent qu’artistiquement on est assez différemment, ni purement rock, ni éléctro. Mais je suis assez fier de cette différence. On rencontre des gens assez cool, forcément on crée des liens avec certaines personnes, mais on ne court pas après.
En live, on a l’impression que tu as mis en place une certaine scénographie, tous habillés en noir. Alors que la lumière était d’une blancheur assez crue. C’est assez monochrome, à l’inverse de ton clip par exemple.
Pierre-Marie Maulini : C’est mon nouveau truc ! Dress code : noir pour la scène. Ce que je recherche avant tout, c’est que les lumières viennent de derrière, ça fait un esthétisme de mystère. La scène est très importante, notre musique se développe surtout pour le live. On veut monter en gamme et donc même si ce que l’on veut faire sur scène à terme est un peu confus, il est clair qu’on ne veut pas juste être un groupe avec un type qui s’extasie sur sa guitare. Mais je ne veux pas d’image dans notre dos, je veux surtout un jeu de lumières. CHVRCHES par exemple ne joue qu’avec des lumières en live est c’est assez impressionnant, le rendu lumière / musique était très réussi.
STAL sera en concert, en première partie d’ALB le 9 décembre prochain au Café de la Danse. Une bonne occasion de voir et d’expérimenter par vous-même, la sensation STAL.