Comédie dramatique de Philippe Besson, mise en scène de Patrice Kerbrat, avec Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen.

Une première pièce est une mise en danger pour un romancier. Philippe Besson prend donc le risque avec "Un tango en bord de mer".

Deux hommes, dans un bar d’hôtel chic, près de Deauville ou du Touquet. Ils se sont aimés, l’un a quitté l’autre, l’autre a survécu.

Pendant une nuit, en l’absence du barman, qu’on ne retrouvera jamais, ils vont se rapprocher, se reprocher, définir les improbables pourquoi de la rupture. Le "quitté" est un écrivain de renom, blasé, conférencier, amer, l’autre, un banlieusard qui n’a que son corps et une vitalité désespérée.

L’écriture est dépouillée, minimaliste, banale, la situation sans surprise, partition promise à la virtuosité des comédiens.

Jean-Pierre Bouvier, parmi les plus doués de sa génération, ne déçoit jamais, avec son flegme, sa densité, son métier et une sensibilité de blessé. Il donne du brillant, de l’allure, à ce texte étale, tandis que son partenaire, Frédéric Nyssen, peine à imposer son personnage inconstant, qui porte plus d’intérêt à ses "Converse" qu’à la conversation.

Le "jean-basket" appartient déjà à un autre âge. Pourtant, on se prend au charme nonchalant de cette soirée qui traîne, avec du désir, des regrets, de la nostalgie.

Patrice Kerbrat a signé une mise en scène sérieuse et professionnelle. Un moment d’abandon et de grâce, par fulgurances, en écoutant crépiter un feu humide de passions abandonnées.