C'est nimbé dans un halo de mystère que l'on découvrait l'univers envoûtant de The Acid, formation aux allures de Triumvirs et rassemblée autour de la voix de Ry X.

Explorateurs soniques avérés, aventuriers vocaux tout autant que doux dingues, The Acid charment très vite avec leur univers où se rencontrent électronique et poésie.

Liminal titre ce premier album, comprendre que celui-ci se positionne au commencement. La question est de savoir de quel début il est ici propos. La première hypothèse, la plus évidente, mettra en place un parallèle forcé d'avec l'émergence du trio sur la scène musicale internationale. La seconde, moins accessible mais assurément plus juste, s'appuiera sur deux points centraux autour desquels le son de The Acid se développe.

Déjà sur l'EP éponyme au nom du groupe, l'on était tiraillé par le mot minimal (si proche dans les sonorités de "minimal") qui ne rendait aucunement justice à leurs productions.

Si, en effet, la plupart des titres ne répondent aucunement aux formats pop standards couplet / refrain / couplet, ceux-ci peuvent se prévaloir d'une richesse tout autant dans les arrangements que dans leur impressionnante collection de sons dithyrambiques. "Tumbling Lights" et "Basic Instinct" pour exemple réussissent à aligner de façon harmonieuse la voix particulière de Ry X, mais aussi une juxtaposition de sons exploitant un large spectre de basses.

Les choses pourraient en rester là, si l'album ne s'augmentait pas d'une panoplie sonore exotique, pour le moins dépaysante. Du coup au détour de certaines pistes, on s'imagine perdu dans une forêt tropicale ou immergé dans un océan primordial sauvage.

Et somme toute, Liminal s'offre comme un album flirtant avec l'inconnu mais demeurant terriblement poétique. Exercice de funambule sur fil de rasoir sur lequel lévite la voix de Ry X. Prise entre complainte hantée et murmure amorphe enfiévré, la voix du chanteur est sur Liminal l’instrument le plus complexe et le plus surprenant.

Amoureux, distant, parfois même lugubre, Ry X se fait crooneur mystique et évoque par intermittence les ombres et la lumière, prenant bien soin d’explorer tout le spectre de sentiments s’étiolant entre les deux extrêmes.

La balade est charmante quoiqu’un peu effrayante, surtout, elle est dépaysante. Pas de panique, il suffit de commencer par le début, Liminal donc.