Spectacle conçu par la Compagnie La Tristura, avec avec Ginebra Ferreira, Gonzalo Herrero, Siro Ouro et Candela Recio.
Depuis le début du 20ème siècle et notamment avec le développement des sciences telles la pédopsychologie et de l'adopsychiatrie, la psyché de l'enfant, au coeur des projections fantasmatiques des adultes, est devenue le sujet de théories contradictoires.
C'est dans ce cadre que la Compagnie La Tristura, figure émergente de la jeune scène théâtrale espagnole, a conçu son projet intitulé "Actes de la jeunesse" qu'elle développe depuis plusieurs années avec les mêmes enfants-acteurs et dont le propos est d’"envisager les hommes comme étant, depuis leur naissance, des corps historiques et politiques chargés de sens" et les enfants comme animés des questionnements existentiels et métaphysiques de l'adulte.
Dans "Materia Prima" elle met en scène quatre enfants pré-adolescents dont le corps agit de manière juvénile mais dont l'esprit serait investi par les "pensées" des "vieux" désenchantés et désespérés qu'ils deviendront et leurs transmettraient les désillusions qui les attendent au regard du champ des possibles raient le propre de la jeunesse.
Abordant de manière simpliste des thèmes tels l'amour, la mort et le devenir, le texte prescriptif adialogal écrit par Itsaso Arana, Violeta Gil et Celso Giménez, fondateurs de la compagnie et Pablo Fidalgo, est dispensé, essentiellement en voix off et en incrustation, avec quelques monologues dits par des enfants, qui usent donc d'un vocabulaire et d'une syntaxe qui est celle des adultes, ce qui entraîne une dichotomie entre le faire et le dire et les place dans la situation de personnages en état d'auto-analyse permanent et d'"absence" au regard du présent et du réel.
Sur scène quatre (vrais) enfants âgés de 13 ans, embarrassés de leur corps devenu trop grand, reproduisent sans aucune spontanéité des scènes qui se veulent représentatives, jeu de ballon, bataille d'oreiller, roulades dans la peinture, soirée Champomy, et se trémoussent, revival seventies oblige, sur des chansons qui bercèrent la jeunesse de leurs arrière-grands parents tels "Before the night de l'inoxydable Patti Smith et "Perfect day" de l'insubmersible Lou Reed.
Agissant sans affect ni réalité sensible, ils récitent le discours étayant le postulat de départ de manière mécanique et, semble-t-il, sans réelle compréhension. Dont acte.
