Spectacle conçu d'après un montage de textes autour de l'oeuvre de Edmond Rostand, mise en scène de Xavier Gallais, avec Lucie Boujenah, Maxime Coggio, Baptiste Drouillac, Amir El Kacem, Elsa Guedj, Zita Hanrot, Antoine Joly, Jean-Baptiste Lafarge, Martin Nikonoff, Marie Sergeant, Alyzée Soudet, Damien Toubal, Anne Freches, Eva Rami, Michaël Charny et Guillermo Mariscal.
Pour sa première année professorale au CNSAD, le comédien et metteur en scène Xavier Gallais n'a pas souhaité placer le travail effectué au sein de l'atelier d'interprétation mené avec les élèves de deuxième année sous le signe de l'obligation de résultat incombant au comédien qu'il nomme "le devoir d'efficacité".
En effet, il a privilégié une mise au travail basée sur l'exploration de leur identité artistique et, dans le cadre des traditionnelles "Journées de juin" du Conservatoire clôturant une année d'enseignement, il présente dixit, le dramaturge Florient Azoulay qui l'accompagne régulièrement dans ses mises en scène, une "ébauche de spectacle" intitulée "Chantier Chantecler" ancrée sur "un projet d'écriture original".
A savoir un montage d'une vingtaine d'extraits de textes autour de la pièce "Chantecler" de Edmond Rostand, qui "ne pouvait suffire à l'exercice énergique de pensée et de jeu conduit depuis le début de l'année".
Ainsi les élèves ont été amenés à puiser dans le thésaurus littéraire, théâtral et poétique de cette époque pour esquisser une fresque des deux premières décennies du 20ème siècle et pratiquer "une exploration frontale" de l'oeuvre de Rostand qui "met en lumière la lutte entre l'idéalisme néo-romantique et les idéaux de la modernité".
La partition de Rostand, oeuvre versifiée démesurée, injouable et injouée, en forme de fable animalière ayant pour héros le roi de la basse-cour, et poème lyrique polysémique considéré notamment comme la peinture d'un ordre du monde profondément chrétien placé dans une continuité où chaque être est, et se doit d'être, à sa place dans l'attente de l'avènement du royaume des cieux, une satire à clés des milieux parisiens de la Belle Epoque et, en l'espèce, un questionnement sur la place de l'artiste dans la société, est donc déconstruite, découpée, et truffée de scènes importées.
Placé sous le signe du bruits, des cris, des larmes et de la fureur, se déroule donc, sur le mode du mouvement perpétuel, un vaste et hétéroclite panorama propice au jeu de piste, dans lequel se croisent les danseuses de french cancan et le le père Ubu et se télescopent Feydeau et Claudel. Toutefois, sur la durée de près de trois heures, la démonstration, qui n'aurait pas pâti d'une plus grande concision, tend à tourner en rond
Le gallinacé-titre, même dupliqué façon "jeune premier" (Maxime Coggio et Jean-Baptiste Lafarge) peine à se faire entendre, et ce sont les figures féminines qui se distinguent au terme de choix sans doute révélateurs et parfois surprenants : la fatale poule faisane (Elsa Guedj), la Salomé biblique (Zita Hanrot), la proustienne Madame Verdurin (Lucie Boujenah), Camille Claudel (Alyzée Soudet) et Helen Keller (Marie Sergeant).
