Comédie de Alan Ball, mise en scène de Christophe Botti, avec Alexandra Dugot, Fabienne Egal, Marion Isvi, Hoël Le Corre, Louise Piovesan, Laurent Bellini, Jean-Marc Dethorey, Nicolas Evrad, Valentin Ouzgraal et Geoffrey Suberville.

Il la remarque dans un café, assise seule à une table, absorbée dans sa lecture. Il s’approche. Il a à peine formulé une parole qu’elle lui oppose un "non" sans appel. L’affaire se présente mal. A-t-il voulu prendre place à côté d’elle et engager une conversation ? A-t-elle redouté quelques manœuvres de séduction ennuyeuses ?

Les hostilités sont engagées. Elle entend défendre farouchement ses droits. Lui n’a pas envie de ressembler à cet être dominant, à cette image de brute qu’elle lui lance à la figure.

"Power lunch" la pièce d’Alan Ball tourne en dérision la guerre des sexes. Elle dénonce néanmoins la situation inégalitaire entre les hommes et les femmes en évoquant les salaires, l’insécurité.

On comprend les revendications de la femme et à la fois on mesure combien elles sont déplacées quand elles s’adressent à un inconnu, lui aussi piégé dans un rôle. Qui se reconnait complètement dans les définitions de la Féminité, de la Virilité ?

Le troisième personnage de la pièce, le serveur de café, est celui qui justement vient perturber les oppositions : androgyne, transgenre il n’est pas celui à qui il ressemble et suscite l’attirance de la femme comme de l’homme. Dans un corps on est plus nombreux qu’on ne le croit.

Mis en scène par Christophe Botti, le duo est joué par plusieurs couples formés à partir des quatre comédiens (Laurent Bellini, Geoffrey Suberville, Jean-Marc Dethorey, Valentin Grizou) et quatre comédiennes (Fabienne Egal, Marion Isvi, Alexandra Dugot et Hoël Le Corre) tandis que le serveur androgyne est joué tour à tour par Nicolas Evrard et Louise Piovesan.

Christophe Botti interroge notre rapport à l’identité à travers la grande diversité des corps : des hommes, des femmes, des voix, des âges, des goûts à partir des styles vestimentaires. Chaque personnage se distingue par une personnalité et une sensibilité propre.

La pièce dédramatise la problématique des rapports de domination à travers des dialogues percutants et des situations cocasses. "Power lunch" illustre le caractère mouvant et contradictoire des personnages : ne se heurtent ils pas pour mieux se rencontrer et s’aimer.

La prestation de la Compagnie des Hommes papillons, énergique et réjouissante, rend hommage à l’amour et au désir, plus puissants que toutes les conventions et barrières sociales.