Tragédie de William Shakespeare, mise en scène Léonie Simaga, avec Alain Lenglet, Céline Samie, Jérôme Pouly, Laurent Natrella, Elsa Lepoivre, Christian Gonon, Bakary Sangaré, Boudjenah, Noam Morgensztern et Pauline Méreuze.

Créé en France, en pleine Révolution, par Talma, "Othello", le drame célèbre de Shakespeare est repris dans une version nouvelle Venise, aux temps anciens.

Le général en chef de la République, Othello, a enlevé Desdémone, fille de patricien, pour en faire sa femme. Parce que c’est un maure et parce qu’il n’a pas demandé sa main, l’affaire cause scandale.

Othello rejoint Chypre, accompagné de sa captive consentante et flanqué de ses meilleurs hommes. Parmi eux, Iago, fourbe et jaloux, qui ourdit un plan luciférien pour séparer la Vénitienne de son seigneur et maître, attisant la jalousie de ce dernier, en évoquant une fausse infidélité de la belle avec Cassio, loyal et diffamé.

Le drame est noué. Ivre de la calomnie, Othello tue Desdémone. Iago, trahi par sa femme qu’il punit en la tuant, est démasqué et jeté à la torture, tandis qu’Othello se suicide.

La comédienne Léonie Simaga, ici le metteur en scène, a signé cette adaptation intéressante, dotée du beau décor de Massimo Troncanetti, desservie par une traduction simplificatrice, parfois vulgaire, mais Shakespeare survit toujours aux diverses tentatives "du moment"…qui passe.

La distribution est habile : Alain Lenglet, très aimé par le public du Français, incarne un père au cœur brisé, qui entrevoit l’issue de la captation de sa fille. Desdémone, c’est Elsa Lepoivre, émouvante, que l’on a peu "bridée", sans la rendre conventionnelle.

Pauline Méreuze, pathétique Bianca, amoureuse de Cassio, alias Jérôme Pouly, toujours à la hauteur, Christian Gonon ou Laurent Natrella sont parfaits.

Dans le rôle de Iago, Nazim Boudjenah invente, crée, sombre, simiesque, effrayant, offrant une interprétation du "méchant" qui plaira beaucoup aux plus jeunes, par ses codes. Sa femme, c’est Céline Samie, excellente, qui prête sa voix rauque à cette créature haïssable et veule qui trouve sa rédemption en trahissant le traître.

Enfin, Othello, c’est Bakary Sangaré, qui joue un peu seul, non sans émotion, ostracisé, trahi, incandescent de jalousie. On aime ou pas ce comédien inspiré, au phrasé tellement étrange. Mais nul ne peut nier qu’il joue comme on prie.

On redécouvre sans ennui cette œuvre magistrale, portée par cette troupe exceptionnelle, au jeu subtil, que l’on aime sans déception.