'64-'95, nouvel album de Lemon Jelly est un bijou graphique ( !) dans un écrin musical.

Dit comme ça, forcément, on se demande comment une telle œuvre peut avoir droit de cité dans un webzine aussi exigeant que Froggy's Delight. Eh ben, vous allez voir !

Comme beaucoup (toutes ?) de productions de Lemon Jelly, ‘64-'95 est un concept. A double entrée :

• Petit un) Chacun des 9 morceaux de l'album est basé sur une boucle, tirée d'une chansons sortie entre 1964 et 1995. Voilà pour le titre.

• Petit deux) Il ne s'agit pas d'un CD, mais d'un DVD !

Alors pour les développements, veuillez suivre le guide :

Pour "Comment ils ont sélectionné les chansons", allez lire l'excellente interview du groupe faite par MOI.

Pour "Bon, d'accord, mais c'est quoi les chansons originales", voilà la réponse :

• '88 aka Come down on me - based on Blue Garden – Masters of Reality – Chris goss & Tim Harrington

• '68 aka Only time – based on If I only had time – Michel fugain repris par John Rowles

• '93 aka Don't stop now – based on Waterfall – Atlantic Ocean – Rene van der Weyde & Lex Coeverden

• '95 aka Make things right – based on «Before you walk out of my life»– Monica Andrea Martin~Carsten Schack~Kenneth Karlin

• '79 aka The shouty track – based on « Horrow show » - The Scars - Bobby King & John Mackie à un pur bonheur !

• '75 aka Stay with you - based on « I wanna stay with you » - Gallagher & Lyle

• ‘76 aka The slow Train – based on Slow Train – Flanders and Swann

• '90 aka a Man like me – based on Sensitivity - Ralph Tresvant

• '64 aka GO

Les plus futés d'entre vous auront noté qu'il n'y a que 8 crédits pour 9 titres… Il semblerait que Fred et Nick n'aient effectivement pas obtenu toutes les autorisations requises…

Pour "Est-ce vraiment si important de savoir d'où ils ont pêché leurs boucles" : je dis "Oui". Et fermement, encore. Parce que l'on est en fin de compte beaucoup plus près de la reprise que du pur électro avec inintérêt absolu à savoir d'où ils ont pêché leur boucle – Vous me suivez ?

Embryon de question "Est-ce que ça, ça correspond à mon panthéon personnel de ce que je connais entre 1964 et 1995?".» Larve de réponse "Ben, pas trop".

Ombre de doute "Se moquerait-on de moi ? ".

Pour "Alors, ce DVD ?" eh bien là, la surprise est de taille.

La présentation tout d'abord : le DVD, sérigraphié au logo '64-'95 est livré dans un simple étui rigide et transparent, sur lequel seul le contour des chiffres du titres est imprimé. Suivant la façon dont le disque est inséré dans la pochette, le résultat est différent. Bienvenu dans le monde psyché des Lemon Jelly.

Ensuite, perception du DVD et insertion dans le lecteur éponyme. Et là Waouw ! c'est MAGNIFIQUE ! et je pèse mes mots, l'interface, chacun des clips, tout est époustouflant. C'est Airside, la boîte de design de Fred Deakin qui a créé le DVD et tous les graphismes. C'est franchement sans égal. Un délire tour à tour 70 psyché, 70-salon-de-tes-parents-avec-les-cols-pelle-à-tarte, graffiti, bucolique.

Bref plein les yeux !

Maintenant j'ose la question : est-ce que ce même album, sans ses vidéos m'aurait happé avec la même force. L'honnêteté me pousse à dire "Non". Y'a comme un vague sentiment de "bijou graphique" dans un écrin musical. Et dans l'absolu, c'est pas joli, joli de se laisser avoir, comme ça sans réagir.

Alors qu'ont-ils fait jusque là ? Je ne me le suis pas demandé pour les sauver , mais plutôt pour comprendre. Et là, moi j'ai un super pote encyclopédiste du rock mondial, qui m'a prêté l'album précédent, Lost Horizons.

D'un seul coup, beaucoup de choses qu'ils ont dites lors de l'interview prennent leur sens et particulièrement "jamais deux fois la même chose". C'est ça .

Lemon Jelly, dans la famille des groupes qui proclament "On se renouvelle à chaque fois", ben eux, ils ne mentent pas. Ils osent. A chaque fois une espèce de va-tout. Une mise en danger, avec mise en scène absolue.

Ca vaut franchement le coup de se laisser tenter. Mais attention, il paraît que le Cd est sorti aussi. Moi je parle du DVD.