Qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse. Qu’importe le genre, qu’importe les années ou la date de création, qu’importe le style. Il ne doit rester à la fin que la musique, les émotions, cette infinie magie qui fait que l’on est touché au cœur, profondément.

Magiciens, Dorian Pimpernel le sont assurément. Ils sont même les grands prêtres d’une "moonshine pop", versant troublant et forcément plus compliqué, de la "sunshine pop". Allombon - quel titre magnifique ! - est une formule magique, secrète presque, tellement les représentants (Syd Barrett, Broadcast, Stereolab, Left Banke, Captain Beefheart, King Crimson, Harry Nilsson…) de ce genre de pop "baroque ?" sont morts ou semblent en voie de disparition.

Dorian Pimpernel jouent aux équilibristes pop, font tanguer notre cœur et nos oreilles à coup d’harmonie et d’atmosphères envoûtantes. Ils nous emmènent dans un dédale musical, nous piègent, nous prennent par surprise. S’il y a une certaine évidence dans cette musique à la fois vénéneuse et venimeuse, mais irrémédiablement addictive, il n’y a rien de facile. Vous ne trouverez aucune commodité dans l’écriture plus psychédélique que rétro-futuriste, ou complaisance dans l’utilisation d’instruments vintages, mais une agilité à manier des mélodies claires d’une classe infinie dans un écrin de constructions sophistiquées. Ici, il ne faut pas sous-estimer l’intelligence et l’érudition du travail de composition, de recherche du son et des timbres et le jeu de construction presque pensé en contrepoint, cette façon d’agencer les différentes couches sonores horizontalement.

Alors, répétez après moi : "Paralipomonon", "Ovlar E", "Existential Suit", "Coodooce Melopoia", "The Mechanical Eardrum", "Alflafa", "October Lane", "Alephant", "Teorema", "A Drowsy Waltz" et entrez dans le monde merveilleux et enchanteur de Dorian Pimpernel. Mais attention une fois que la porte est ouverte…