De la voix de Ry X, on peut dire de nombreuses choses, sans jamais lui trouver un adjectif la qualifiant parfaitement. Atypique, celle-ci n’a besoin que de peu d’artifices pour meubler ses productions et rappelle en cela un certain Anthony Hegerty. La comparaison n’ira pas plus loin, car le premier, au sein de sa formation connue sous le nom The Acid s’adonnent à des expérimentations musicales, s’égarant entre des dédales noise et des escarpements électroniques.

Après quelques haussements de sourcil blasé, l'oreille s'accommodera du schéma qui émergera lentement et qui finira par s'équilibrer tant bien que mal autour du chant de Ry X.

Aux côtés de Steve Nalepa et d'Adam Freeman,  Ry X a donc développé un esthétisme dans lequel s'entrecroisent une pop douceâtre et un son électronique expérimental. Dans leur premier EP éponyme, l'énigmatique trio a donné vie à des sonorités improbables.

Clairement construit  et pensé comme une entité vivante, ce mini album prend des formes incongrues et à la manière d'une plante à la croissance incontrôlable,  lance ses branches dans toutes les directions.

Organiques, les lignes de basses, clairement invasives, réussissent à souligner (et donc à mettre en valeur) l'étrange voix de falsetto de Ry X. Un peu comme un monstre à l'affût de sa proie, les sons noise resteront en partie dissimulés et demeureront très souvent au second plan, ce qui n'est pas dénué de toute poésie.

Le titre "Basic Instinct" met en écho mélodie et  boucles vocales avant de souligner les deux avec de légères touches de grésillement intrusives, comme arrivées par mégarde, mais participant à la construction sonore de la piste comme un élément à part entière.

Plus expérimental, le bien nommé "Animal" oscille entre un chant occupant tout l'espace et des sons noise s'apparentant à de véritables cris d'animaux. Si le rendu prend une forme presque vivante, "Tumbling Lights" achève la transmutation, en ajoutant de véritables bruitages tout droit sortis d'une jungle. Et qu'importe les vocalismes hantés de Ry X, ou la ligne de basse qui surpique les percussions, le titre prend une dimension luxuriante et belle et bien vivante.

À se demander si le nom "The Acid" fut un choix judicieux, quand leur premières productions débordent d'une vitalité et d'un onirisme de tout instant. Et si vous doutez de cette dernière affirmation, allez donc jeter un œil sur la vidéo de "Basic Instinct" dirigée par Dugan O'Neal.