Pendant quelques mois, le Musée Maillol se transforme en chambre forte recelant un florilège des pièces constituant "Le Trésor de Naples".

D'une valeur rivalisant avec celle des joyaux de la couronne d'Angleterre, ce trésor, qui n'appartient ni à l'Etat italien ni à l'Eglise mais à une entité juridique créée en 1601 représentant le peuple napolitain, a été constitué pour honorer et participer à la dévotion du saint patron de la ville de Naples.

Il s'agit de San Gennaro, évêque de Bénévent, victime des persécutions dioclétiennes, dont les napolitains invoquèrent avec succès au 16ème siècle l'intervention pour conjurer la peste et la guerre et la protection pour éviter une éruption du Vésuve.

Enflammée par le "miracle" de la liquéfaction du sang du martyr recueilli dans deux ampoules qui se renouvelle à chacune des processions annuelles d'invocation, sa dévotion, qui a perduré jusqu'au 21ème siècle, a donné lieu à la constitution d'un "trésor" qui s'inscrit dans l'histoire des arts décoratifs, de l'orfèvrerie et de l'argenterie à Naples depuis le 14ème siècle.

Le commissaire de l'exposition, Paolo Jorio, directeur du Musée du Tesoro di San Gennaro, assisté de l'historien d'art Jean-Loup Champion, a sélectionné les pièces les plus prestigieuses dont certaines ne sont jamais exposées au public.

Et pour lesquelles le scénographe Hubert Le Gall a transformé les salles de monstration en écrin précieux.

Les joyaux de San Gennaro : de la foi dans l'art

Scandée de peintures dédiées au saint, portraits et actes d'intercession, mais également à des événements tels l'éruption du Vésuve, et exaltant ses actes miraculeux, l'exposition se développe sur deux niveaux.

Le premier présente, outre deux statues de l'archange Saint Michel et de "Tobie et l'ange Raphael", un ensemble remarquable de bustes grandeur nature, souvent reliquaires, dont celui de San Gennarao, attestant du du savoir-faire et de la maîtrise des sculpteurs et orfèvres mais également de leur sensibilité.

Réalisés en en argent massif rehaussé de bronze ou de cuivre doré, parfois de pierres précieuses, ces bustes des saints patrons de Naples, réunis sous l'égide de San Gennaro, présentent par l'expressivité des figures et le goût de l'ornementation, en l'espèce les signes distinctifs et/ou attributs symboliques, les caractéristiques stylistiques du baroque tardif.

Ainsi, Sainte Irène qui détourne les éclairs de sa main et Saint Pierre de Vérone assassiné à l'arme blanche Saint Joseph avec l'enfant Jésus.

Le deuxième niveau, qui s'ouvre avec le reliquaire du sang du martyr datant du 14ème siècle, offert par le roi Charles II d'Anjou et attestant du savoir faire des orfèvres angevins, est consacré aux à la joaillerie et aux pièces d'orfèvrerie.

En matière de joaillerie, deux pièces exceptionnelles en constituent le point d'orgue : la mitre de San Gennaro réalisée au début du 18ème siècle comportant un nombre impressionnant de pierres précieuses, et retenue comme visuel de l'affiche de l'exposition, et le collier de San Gennaro.

La particularité de ce pectoral tient à sa son élaboration qui a commencé au 17ème siècle et s'est enrichi durant deux siècles de bijoux offerts notamment par des souverains.

S'agissant de l'orfèvrerie, le visiteur pourra notamment découvrir une impressionnante collection d'objets d'objets liturgiques, tels crucifix, ciboires et calices en or, dont beaucoup résultent de dons des familles royales d'Italie, de style maniériste, pendant "sacré" de l'orfèvrerie d'apparat profane.

En parallèle à l'exposition, un atelier est proposé aux enfants de 7 à 11 ans pour créer leur trésor et les plus grands pourront utiliser l'application permettant d'allumer une bougie votive dans la Chapelle du trésor de San Gennaro à Naples depuis leur téléphone.