Monologue dramatique écrit et interprété par Leïla Anis dans une mise en scène de Géraldine Bénichou.

Quand la jeune adolescente quitte Djibouti en suivant sa mère et son petit frère, elle n'imagine pas combien elle remet sa vie en question et devient "fille de".

Écrasée par l'absence d'ancrage : fille de nulle part ni de Djibouti qu'elle quitte ni de Toulouse qu'elle découvre; fille de personne: fruit de l'arabe et de la française (la colon); fille de rien : entre la condition féminine opprimée de son enfance et le sexisme plus subtil de l'Occident.

Leïla Anis a écrit ce spectacle à partir du projet d'écriture l'exil au féminin. Elle y retrace son parcours quand, à quinze ans elle laisse derrière elle les objets et les odeurs de l'enfance, une partie de sa famille dont le Père, et se réinvente en France.

Un parcours sur dix années: années de découverte, de joie et de drames, des années de violence d'une réconciliation impossible. Accepter de mourir aux autres pour renaître à soi-même. Leïla choisit le théâtre et rejoint, par ce détour, la figure du père qui, dans sa jeunesse politisée savait captiver son auditoire et faire entendre sa voix.

Leïla Anis dans "Fille de" se propose d'être la porte-parole, à partir de sa propre histoire, de ces vies traversées de ruptures, de contradictions, de deuils, de gens qui font souvent le silence sur leur passé : est-ce la nostalgie, les regrets, la honte, la culpabilité, la déception, qui les étranglent ?

Par le discours Leïla Anis trouve un équilibre dans ses sentiments mélangés avec une honnêteté et une lucidité émouvantes, respectant chacun, et au delà de tout, pardonnant. 

La mise en scène de Géraldine Bénichou garde la figure de Leïla au centre de l'attention. Elle incarne les membres de sa famille soutenue par la vidéo qui projette des silhouettes comme des souvenirs, des fantômes imprécis, dans une lumière aveuglante.

Des respirations sous la forme dansée et chantée viennent alléger la tension et désamorcer l'émotion. Il ne s'agit pas de tomber dans le pathos. "Fille de" se place plutôt dans l'espace politique pour que chacun soit reconnu dans l'identité qu'il s'est choisi.