Untogether, néologisme signifiant "des-ensemble" est avant tout la création de deux personnes issues de milieux musicaux différents et situés dans la dynamique sphère créatrice entourant Arbutus Records et plus largement, la ville de Montréal.
Le conte veut que le duo, qui est aussi un couple, enregistra pour la première fois ensemble, suite à un voyage en Amérique Centrale. De cette rencontre entre Raphaëlle Standell-Preston et Alexander Cowan émergera un EP en 2010 intitulé Blooming Summer. Celui-ci, encore très fouillis, posera les premières pierres sur lesquelles la musique de Blue Hawaii prendra peu à peu forme.
Quant au nom du duo, il tient plus à une volonté de restituer une certaine image luxuriante et à établir une couleur définissant parfaitement leur son qu’à une référence (au demeurant fort à propos) à Elvis Presley et encore moins au fameux cocktail dans lequel on aurait facilement pu voir (boire ?) une métaphore.
Bref, Blue Hawaii, c’est d’abord Raphaëlle, dit "Ra", déjà connue pour ses officines auprès de la musique pop barrée de BRAIDS, chez qui elle incarne la voix aérienne du groupe sur des productions planantes, peu à mène à provoquer les déhanchements. En face, on retrouve Alexander, dit "Agor", un music-nerd porté sur l’électronique qui a passé des années à trifouiller son écran dans sa chambre ou à se balader dans les milieux EDM européens, quand il ne bossait pas comme ingé son pour des gens comme Sebastian. A ses côtés, Ra trouve le moyen d’offrir une nouvelle dimension à son chant et s’improvise artiste électro, quand Agor exprime enfin son plein potentiel, dans une alchimie aussi dynamique que réussie, bref l’émulsion a pris avec un fort bel effet et finit par nous livrer pas moins de 10 titres tout en poésie.
Bien évidemment, en écoutant le premier single "Try To Be", les oreilles habituaient à BRAIDS ne détecteront en premier lieu que peu de changements autres que l’introduction d’une (sur ?) utilisation du back vocal, qui mènera régulièrement le chant dans une véritable mise en abysse. "Sierra Lift" en fera même son parti pris, la piste étant presque entièrement construite sur la voix coupée de Ra, prétexte permettant à Agor d’introduire subrepticement quelques notes purement électro qui ne sont pas sans rappeler une symphonie de gouttes venant frapper une surface solide.
C’est ici que l’on distingue cette idée de luxuriance et qui réapparaîtra par intermittence sur des titres comme "Flammarion" et son rythme épuré se basant sur une seule note de basse lourde. Alors qu’ailleurs, quelque chose de nettement plus urbain, de presque vivant, prendra forme avec "Daisy" (Margueritte) où on imagine un combat entre la voix de Ra et l’électronique d’Agor qui menace sans cesse de prendre possession de tout l’espace.
Ce même espace qui finira par honorablement rendre les armes sur les très bien produits "In Two" et "In Two II", titres qui résumeront à eux seuls l’étendue parcourue entre les styles respectifs des deux artistes, le premier versant dans la pop, le second basculant dans une électro déchaînée apte à surprendre le plus averti des clubbeurs.
A l’écoute de cet album, on sera forcé de conclure que le titre "Untogether" renvoyait directement aux deux ambiances sonores que notre couple convoque et mélange, réussissant à assembler puis séparer, selon leur bon vouloir, leurs univers respectifs. Thérapie de couple réussie.