"Bienvenue au gîte" a trois points communs avec "Filles perdues, cheveux gras" :

1) Ce sont deux films réalisés par Claude Duty
2) Ce sont deux tentatives de réaliser une bonne comédie
3) Ce sont deux tentatives ratées de réaliser une bonne comédie

Vous étiez pourtant optimiste, avant que les lumières ne s’éteignent, vous abandonnant ainsi à la culture cinématographique et à l’ouverture intellectuelle dans un cinéma à Odéon.

Marina Foïs, blonde évaporée échappée des Robins des Bois, joue une parisienne autoritaire et désagréable, Caroline, qui décide avec son compagnon, Bertrand, incarné par Philippe Harel, acteur et réalisateur de talent ("Les Randonneurs", "Le vélo de Ghislain Lambert", "Extension du domaine de la lutte", "La femme défendue"), de quitter la vie infernale et trépidante de Paris pour s’installer à la campagne, et gérer un gîte rural.
L’acclimatation ne se fera pas sans heurts, si encore elle se fait…

Vous vous attendiez donc avec joie et enthousiasme (sachez-le, lecteur ou lectrice - s’il y en a- : vous êtes toujours, avant le début d’un film, pleine d’espoir, prête à vous enflammer pendant 2 heures) à des situations rocambolesques, à des quiproquos, à un humour transcendant, à des fous rires en-veux-tu-en-voilà…

Or la réalité fut fort différente : passé le premier quart d’heure, l’histoire s’enlise, les clichés s’amoncellent, le film devient long, long, long…
On vous en servira à toutes les sauces : le cliché des parisiens en province qui ne s’y font pas, la soirée avec les scouts qui chantent déguisés en indiens devant le feu de bois, la fête au village, le gîte d’homosexuels, le couple de lesbiennes, la gothique …Soyons clair : le film n’est pas drôle (vous avez pourtant essayé de rire, mais non, là, vraiment, non).

Le caractère intransigeant de Caroline ne permet pas à Marina Foïs d’exploiter son potentiel comique (et dieu sait qu’elle en a). Philippe Harel seul ne déçoit pas : Bertrand est, comme tous les personnages interprétés par Philippe Harel, mou du genou. C’est une constante qui a l’avantage de représenter une base solide et inamovible pour un film. En effet, vous voyez mal l’acteur français en Harrison Ford dans "Indiana Jones" ou en Sylvester Stallone dans "Rambo".
Vous mettez ainsi au défi quiconque de réaliser un film avec un Philippe Harel musclé, dynamique, plein d’énergie et prêt à affronter une armée de mutants assoiffés de sang, de chair fraîche et de plantes vertes. (Pourquoi pas ? On ne sait jamais. Il vaut mieux parer à toute éventualité)

Le casting alléchant ne parvient donc pas à sauver ce film du naufrage, même les seconds rôles, que ce soit Julie Depardieu en actrice porno reconvertie en vendeuse d’huile d’olive (comme quoi l’important dans la vie c’est d’être polyvalent), ou Lionel Abelanski, qui vous fait toujours mourir de rire, avec ses airs lunaires, depuis "Delphine 1-Yvan 0".

C’est bien dommage, Claude Duty était bien parti pour faire mieux que "Filles perdues, cheveux gras", mais "Bienvenue au gîte" ne parvient pas à la cheville d’un film comme les "Randonneurs", dont il semble parfois s’inspirer.

Un bon scénario ne suffit pas : encore faut-il arriver à insuffler un rythme, une spontanéité et un souffle de vie à un long métrage pour le rendre digne d’intérêt.