Conte musical de Romain Didier d'après un texte de Allain Leprest, mise en scène de Jean Manifacier, direction musicale de Fayçal Karoui ou Laurent Goossaert, interprété par Jean Manifacier, Macéo Béard-Aigret, Fanny Dupont, Lucien Roulle, Manon Sekfali, le choeur de la Maîtrise de Paris et l'Orchestre Lamoureux.
Un petit garçon, Pantin, fait une mauvaise chute de vélo et y laisse la vie. Le jeune garçon ne disparaît pas pour autant : sa place vide est le centre de l'agitation de ses petits camarades.
La cour de récréation est une scène où les sentiments se bousculent : le souvenir de Pantin entre jeux facétieux et tristesse, le rend présent quelques instants encore, intenses et exaltés.
Les écoliers restent des enfants, aussi sauvages et vivants que des jeunes chats, ils ne tiennent pas en place et si un des leurs est tombé , immobile sur le sol, eux poursuivent, sans lui, leurs courses folles, leurs rêves de voler et de colorer la vie. Pantin s'efface ou continue, à sa façon, à se joindre à toutes les cours de récréation, enfant à tout jamais.
"Pantin, Pantine" est une comédie musicale écrite par Allain Leprest et composée par Romain Didier. Deux adultes, qui à travers leur collaboration savaient allumer leur part d'enfance indestructible.
Allain Leprest a peut-être pensé à la ville de Pantin pour le prénom de son personnage, a peut-être pensé à Fantine sa fille. Aujourd'hui qu'Allain Leprest est mort on ne peut s'empêcher de penser que Pantin c'est un peu lui, désormais. Son fantôme vient parfois encore nous tirer une larme.
Les textes de "Pantin, Pantine" sont à la fois légers et insolents : les enfants ne sont pas décrits comme de petits adultes ou des anges, sages comme des images. Ils sont avant tout, libres : libres d'être méchants, libres d'être joyeux même aux enterrements, libres de faire des fautes de grammaire.
Le vent les pousse, ils font la course avec le langage. Ils ne savent pas encore que "c'est pas com' ça qu'on dit". Alors les accords de participes, d'adjectifs c'est un peu au hasard. Les enfants sont incorrects et menacés par les corrections, aux deux sens du terme.
Le metteur en scène et récitant Jean Manifacier s'est inspiré des jeux, des guerres de bandes et des mondes imaginaires. Il autorise les enfants à être turbulents ou boudeurs. Il incarne le passeur, celui qui tient le fil du récit. Il s'adresse au fantôme de Pantin comme s'il représentait ou son père ou son destin.
Les choristes et solistes de la Maîtrise de Paris présentent un travail fantastique pour une partition exigeante, parfaitement imperceptible sous une apparence de légèreté, de naturel, se riant des difficultés des chansons.
L'Orchestre Lamoureux se met avec grâce au service de la comédie musicale, ondulant entre mélancolie et désordre avec la même jubilation. L'enfance est contagieuse. En reprenant plusieurs fois à la fin de la représentation la chanson titre, il resterait, s'il le pouvait, dans le cercle de la cour d'école au milieu des enfants chahuteurs.
"Pantin, Pantine" est un spectacle drôle, intelligent. Même s'il s'adresse à des enfants, il ne ment pas sur la vie, ses joies et ses peines. C'est un hommage émouvant à l'artiste d'exception qu'était Allain Leprest, avec un ensemble : les enfants, les musiciens de l'orchestre, le récitant, soudés, généreux, heureux d'être ensemble : une belle leçon de vie.