Comédie dramatique de Federico Garcia Lorca, mise en scène de William Mesguich, avec William Mesguich, Sterenn Guirriec, Zazie Delem, Anne Clélia Salomon et Philippe Maymat.
Un fait-divers, à la fin des Années vingt, qui ne sont pas, en Espagne, plus folles qu’à l’accoutumée un mariage forcé, en Andalousie, près d’Almérie, et les amants en fuite chassés à courre dans la forêt jusqu’à la curée.
Le grand poète espagnol Federico Garcia Lorca tient "son" sujet et, avec "Noces de sang", une de ses plus belles pièces. La fosse d’Alcafar l’attend dans quelques années, il y expiera sa critique esthétique de l’Ordre conventionnel.
Au début, il y a la Mère et le fils. Le couple parfait va se défaire car le jeune homme veut prendre femme. La future épousée a déjà aimé, passionnément, un Léonardo, marié depuis. Alors, il y a mariage, joyeux, tragique, confus, avec des fruits confits, des couronnes de fleurs d’oranger, des larmes qu’on dira de bonheur. Et puis soudain, la mariée a disparu.
Et Léonardo manque également à l’appel. L’amour plus fort que la raison ? Aux couteaux, aux fourches, aux lampions ! La forêt va se refermer et la morale d’être rétablie. Et le jeune homme d’être rendu à la matrice.
William Mesguich, metteur en scène, a saisi parfaitement la dimension épique qui dépasse l’anecdote. Conçu par Anne Leverzant, le décor est beau, étrange, inquiétant.
Quant à la distribution, elle révèle le talent de comédiens jouant plusieurs rôles. La Mère, c’est Anne-Clélia Salomon, au jeu émotionnel, tendu vers l’extérieur, qui terrorise un fils-enfant, William Mesguich, très émouvant, jouant également son rival, Léonardo, viril et dominateur, ce qui est un exploit.
Sterenn Guirriec, de même manière, incarne à la fois la fiancée "forcée" du fils et la femme de Léonardo, avec des accents de douleur déchirants, très belle comédienne.
Philippe Maymat est à la fois le père de la mariée et un bûcheron "shakespearien", créature de la forêt tueuse. Très beau et bon comédien. Enfin, mention spéciale à Zazie Delem, aux multiples visages, superbe.
Magnifique spectacle, intuitif, inspiré, poétiquement terrible.