En dix années d’existence, Tunng a réussi à se renouveler malgré les différents aléas qui auraient pu sonner le glas de la formation Britannique. Le navire est arrivé en effet à garder le cap, suite au départ en 2007 de Sam Gendes, l’un des fondateurs du groupe parti créer Diagrams et de la belle aventure solo sur les terres Islandaises de l’autre leader Mike Lindsay, sous le nom de Cheek Mountain Thief. Une escapade qui ne marquera pas la fin du groupe, bien au contraire, puisqu’elle semble lui redonner des couleurs en l’alimentant d’une sève nouvelle et qui presque ironiquement rescinde le collectif avec plus d’énergie que le précédant … And Then We Saw Land sorti en 2010.
On retrouve donc la voix si douce et chaude de Mike Lindsay, qui sait s’harmoniser parfaitement avec celle plus feutrée de Becky Jacobs. Résultat d’une écriture entre les différents musiciens via internet et de séances d’improvisations, Turbines pousse encore plus loin le folktronica, cette alchimie si particulière entre des textures organiques et électroniques, marque de fabrique de Tunng. Comme pour l’album The Kinks Are The Village Green Preservation Society des Kinks, Turbines se situe dans un village fictif où chaque chanson parle de personnages, de relations entre les gens, de l’humanité, de ce que nous ne pouvons maîtriser ou non.
Un album presque conceptuel mais qui sait ne pas être un vase clos mais qui, au contraire, vous embrasse d’un bras amical et d’une voix chaleureuse. Attention tout n’est pas rose dans ce disque, derrière ce folk pastoral, ce savoir-faire mélodique et synthétique ou ces rythmiques / bruitages électroniques, c’est aussi un côté plus sombre, une certaine claustrophobie ou l’image d’une communauté fracturée qui affleurent. Turbines est donc comme du velours pour nos oreilles et leur village imaginaire vaut largement d’y faire un détour. |