One man show de et par fabrice Eboué
Ne vous fiez pas à l’affiche ! Le Hulk métissé n’officie pas dans la science-fiction ou les comics mais plutôt dans la contemporanéité et le non politiquement correct.
En effet, à l’heure où le slogan de Jean Yanne "Tout le monde est beau tout le monde est gentil" est érigé en credo consensuel, Fabrice Eboué, nouveau venu dans le monde du one man show, se pose la question de savoir si l’on peut rire de tout.
Il tente le challenge et prend le contrepied du caritatisme et de l’évangélisme ambiants pour asséner quelques vérités bonnes à dire sur des sujets aussi délicats et sensibles que l’émigration et le racisme au sens large du terme et ce de manière iconoclaste et somme toute réaliste. Et ce sans encourir le courroux des mouvements anti-racistes et autres, le fait d’être moitié noir qui a un blanc qui écrit à sa place, lui conférant une sorte d’immunité.
Un sourire et hop, il propose des ZEP (zones à euthanasier en priorité) pour nos chères têtes blanches, renvoie dos à dos les juifs et les arabes qui se ressemblent et qui devraient pactiser autour d’une assiette de charcuterie, pointe l’index sur les asiatiques qui passent toujours à travers la vindicte populaire, voit dans la réduction ou la suppression des avantages sociaux un bon moyen d’endiguer l’émigration (quand on est mal accueilli et que le frigo est vide, on reste moins longtemps), compare la traite des noirs à la série télévisée La croisière s’amuse et compatit au mal de vivre des habitants de Neuilly qui aspire à la saine ambiance des banlieues.
Ça décoiffe un peu même si c’est au 2ème degré et comme il est jeune, sympathique et bien musclé cela n’incite pas à la critique féroce (...je plaisante, c’est aussi du 2ème degré !).
Et puis comme le fil conducteur est quand même autobiographique, il nous parle de ses souvenirs d’école ou de vacances dans les hôtels clubs.C’est souvent drôle, parfois caustique, et assez fluide pour que l’on ne s’ennuie pas.
Fabrice Eboué passe bien sur scène et a su se trouver une niche dans le paysage overbooké des stand-up. Mais attention à ne pas abuser des mimiques qui sont la marque de fabrique de Dieudonné et à la pérennisation d’un créneau qui risque vite de tourner en rond.