Comédie de de Roland Dubillard, mise en scène de Anne-Laure Liégeois, avec Sharif Andoura, Sébastien Bravard, Olivier Dutilloy, Agnès Pontier et Pierre Richard.
"La Maison d'os" constitue la déclinaison dubillardienne de la thématique du "Roi se meurt" de Ionesco dont elle est contemporaine d'écriture.
Entourée d'une valetaille loufoque aussi servile qu'irrévérencieuse absorbée dans de prosaïques occupations érigées en questionnements métaphysiques placés sous l'égide de l'absurde, cerné par les porteurs de crucifix et de stéthoscope, le maître des lieux de cette métaphorique et anthropomorphique demeure, dont le délabrement est calqué sur sa propre décrépitude, questionne le tragique de la condition humaine, ordonnée par la trilogie amour-pouvoir-mort, et surtout la finitude qui précède le néant imminent.
Le verbe de Roland Dubillard, passé maître dans ce registre, n'est jamais aussi efficace que dans le dialogal et le format court et mieux servi que par une interprétation vériste, ce qui n'exclut pas la dimension poétique et clownesque, et un rythme soutenu.
Les parti-pris de mise en scène de Anne-Laure Liégeois, tempo moderato, texte en voix-off, maître mélancolique, dans un décor monumental, qu'elle a conçu avec Yves Bernard, un vestibule dont il ne reste que les structures de béton noir et doté d'un immense escalier de revue, des lumières et des sons d'apocalypse, avec respectivement aux manettes Dominique Borrini et François Leymarie, n'emportent pas la conviction.
Le maître deus ex machina, s'il surgit, habillé en prophète, en haut de l'escalier tel un apôtre de peplum biblique, n'est plus qu'un tyran domestique grabataire en charentaises auquel Pierre Richard, dont la partition in vivo est largement réduite car diffusée en voix-off, n'apporte qu'une folie douce.
Le personnel ancillaire est bien campé par le quintet de comédiens aguerris constitués par Sharif Andoura, Sébastien Bravard, Olivier Dutilloy et Agnès Pontier qui, avec leurs compositions savoureuses, sauvent les meubles.