On est toujours embêté face au retour de quelqu’un qui nous est cher, qui a disparu longtemps, et qui réapparait alors qu’on ne l’attendait plus. La série télévisée Homeland passe une bonne douzaine d’épisodes à nous l’expliquer…
On avait beau avoir aimé Gene. Enormément entre 94 et 96, du temps du brillant Olympian, un peu moins ensuite… On était passé à autre chose depuis un bon moment. Loin des oreilles… Loin du cœur.
Pour les plus jeunes, on rappellera que Gene fût étiqueté "Britpop", au même titre que Blur, Suede, Oasis, The Auteurs, Elastica, Menswear et quelques autres. Adulé par quelques-uns en tant que "nouveaux Smiths" mais finalement groupe sous-estimé par le plus grand nombre.
Mais, revenons à la "défenestration" de notre Martin. L’exercice n’est pas sans rappeler le Wilderness de Brett Anderson dans lequel le leader de Suede s’était lui aussi essayé, avec réussite, à la sobriété musicale. Point de britpop fière et crâneuse à l’horizon, mais le choix courageux d’un simple piano (à quelques exceptions près) et d’une collection de "torch songs" plutôt réussies au service d’une voix impeccable et juste.
Poignant sans être jamais larmoyant, The Defenestration of St Martin (où a-t-il été chercher ce titre…) déroule dix magnifiques chansons, variées malgré la sobriété de l’instrumentation et impeccablement produites. Dans "Three points on a Compass", flamboyante ouverture de dix minutes, il met à nu ses relations avec son père, trouve des accents de Michel Legrand dans "Where There are Pixels" et flâne du (bon) côté de Broadway dans "I must be Jesus".
Compagnon des promenades d’hiver sur les plages de Brighton ou au coin du feu, on ne manquera pas d’aller retrouver ce St Martin sur scène s’il lui prend la bonne idée de venir nous voir de ce côté-ci de la Manche.