Déclaré porte parole de sa génération par la presse américaine, Douglas Coupland a été révélé avec "Génération X", sorte de manuel réaliste d'une société en voie de yuppisation, est devenu un des fers de lance du roman d’anticipation sociale à l'instar de Brett Easton Ellis et Will Self.

Avec "Toutes les familles sont psychotiques", il s’attaque au genre plus classique du roman familial et il nous invite à suivre la saga d’une famille un peu particulière.

Janet Drummond arrive en Floride. Elle se réveille dans un motel pouilleux et se demande : "Où sont mes petits ?" selon un rituel qui est devenu quotidien depuis la naissance du premier de ses trois enfants.

Elle doit retrouver son aîné, Wade séropositif, coureur de jupons et escroc, qui sort de prison et sa femme Beth, ancienne droguée qu’il a rencontré au sein d’un groupe de paroles HIV et Bryan le petit dernier vaguement musicien avec sa petite amie Shw qu’il a rencontré pendant une manifestation anti-OMC pour participer à un grand événement : Sarah, sa fille bébé thalidomide à qui il manque une main, est cosmonaute et part pour un vol spatial. Mais est également présent son ex-mari Ted qui a un cancer du foie et son amie Nicky séropositive.

Quand vous saurez que Janet est également séropositive parce qu’elle a été contaminée par la balle sanguinolente, qui a traversé le foie de son fils Wade, tirée par Ted sur ce dernier quand il a appris sa liaison avec Nicky qui se retrouve également contaminé, que Shw veut vendre son futur bébé, que Wade cherche des expédients pour gagner de l’argent en jouant l’intermédiaire pour vendre la lettre déposée par le fils de Diana sur son cercueil et que tout ce petit monde de losers ne passe pas une seconde sans s’engueuler tout en s’aimant, vous n’aurez qu’une petite idée de ce qui vous attend dans ce roman familial complètement déjanté.

Douglas Coupland ne se lasse pas de leur imposer des mésaventures qui exacerbent les tensions et excitent les rancoeurs, tel un scientifique qui les observerait au microscope, les disséque d'une plume nerveuse et grinçante, pour éprouver les liens familiaux et tester la résistance de l’âme humaine (ne met-il pas en exergue la phrase suivante : "Dans ton rêve, tu découvrais une manière de survivre et cela t’inondait de joie") avant de les rattraper par les fonds de culotte pour un happy end rocambolesque.

En effet, face à l’adversité, après le cynisme et le désenchantement seule la foi en l’autre est salvatrice ; quand la satire rejoint la morale, Coupland a viré humaniste !