Pièce de Fabrice Blind et Michel Delgado, mise en scène de Gilles Gangloff avec Emilie Wawerla, Fabrice Blind et Gilles Hoyer.

Après quelques représentations en tournée, "La fille aux pères" prend ses quartiers au Méry. Prend ses quartiers parce qu'il s'agit d'une excellente et désopilante comédie qui va sans aucun doute constituer un des succès de la saison.

Car c'est un sans faute : un vrai texte de théâtre, avec une histoire truffée de rebondissements et de répliques à se coincer les zygomatiques, une mise en scène au cordeau qui, sans nuire à l'indispensable dynamique du comique, évite tous débordements faciles et des comédiens époustouflants.

Un thème actuel, le désir d'enfant, mais décliné selon la variante homoparentalité. Quentin, présentateur météo un peu pouet-pouet, et Jean, l'inspecteur-profiler Ferrand, font appel à une mère porteuse. Entre dans leur petit intérieur douillet la jolie Juliette, qui n'a pas inventé l'eau tiède mais qui cherche un foyer pour son enfant déjà conçu. Difficile d'en dire plus sans dévoiler les péripéties qui scandent le spectacle.

Fort du joli succès de "Mon colocataire est une garce", Fabrice Blind reprend la plume avec son complice Michel Delgado et cette écriture à quatre mains est particulièrement réussie. Ils ont su aborder un sujet sensible sans sombrer ni dans le ridicule ni dans la caricature tout en faisant rire et en tenant la distance. Pas de temps mort, pas de remplissage ! Faut que ça pulse ! Et côté rire, ce n'est pas du rire gros et gras et scabreux : les répliques fusent tous azimuts et certaines deviendront culte ! Non, pas d'exemple ! Allez donc juger vous-même !

Par ailleurs, acteur confirmé, il campe un Quentin sobre, savoureux, plus vrai que nature, qui drive avec maestria son gros nounours. Ton juste, humour very british et petit fou rire parfois, il prend un réel et visible plaisir sur scène.

Quant à Gilles Hoyer, que nous avions déjà vu dans son one man show "Première heure" et dans la pièce qu'il a co-écrit avec Gilles Gangloff "La césarienne", il ajoute un troisième couplet à son ode au bébé. Ce rôle lui permet d'aborder tous les registres : du flic fier-à-bras à l'amoureux jaloux, du coléreux au timide et démarre au quart de tour.

Entre les deux, Emilie Wawerla arrive à tirer son épingle du jeu entre ses deux partenaires qui ont vite fait de partir en vrille sous la houlette de Gilles Gangloff, acteur-auteur-metteur en scène, qui connaît la chanson et met en musique ce petit monde avec bonheur.

Une comédie à ne pas rater ! L'essayer c'est l'adopter ! Et c'est vraiment le mot de la fin !