Vincent Pichon-Varin poursuit sa fresque commencée avec son premier livre Les colocs où une petite tribu d'octogénaires partage un appartement près du grand magasin Le Bon Marché.
Gilles Gregori la quarantaine a rejoint avec femme et enfant la bande de bons vivants (plus pour très longtemps). Seulement le toujours petit Grégori ne connaît pas son père, lui le fruit des amours d'un duo de cabaret. Il a un nom de scène : Fred Ginger, à se mettre sous la dent. Le père s'est malheureusement volatilisé à l'annonce de la grossesse de Monica. Et tandis qu'il était presque oublié pour GéGé, partagé entre un travail diurne de vendeur de chaussures au Bon Marché (à deux pas donc) et son activité nocturne de travesti dans un cabaret de Montmartre (beaucoup plus loin pour le coup), le paternel réapparaît, ou presque, puis qu'il est mort et qu'il lui lègue une maison en Normandie à Bernay.
Qui se cache derrière Pierre Chantôme ? Un homme ? Un fantôme ? Est-ce que c'est le Fred Ginger, plutôt Astaire moitié Rogers jailli de l'affiche d'un spectacle de cabaret des années "moi j'essuie les verres au fond du café…" ? Et toute l'équipe de partir en Normandie, tâter de l'autochtone et s'arsouiller au pommeau fait maison et aux grands crus de la cave à Bernay.
Un récit divertissant qui n'attend que d'être adapté à la télévision, tellement on n'y trouve guère que ce qu'on connaît déjà… Catherine Deneuve, le Vélib, le Normand qui dit "peut-être bien que oui, peut-être bien que non", l'accent de Titeuf, les homosexuels qui travaillent dans les cabarets, les tontons flingueurs, "un gros 4x4 en guise de prothèse phallique dont il doit avoir bien besoin pour se sentir un homme" (p.41). Monde idyllique où tout le monde s'aime tellement, tout le monde veut le bien de chacun : une famille formidable en somme. On en oublie presque qu'on a un mystère à percer alors on tape contre les murs pour découvrir le pot aux roses et on est finalement assez bernés nous-mêmes.
La prochaine fois, on nous le déclinera façon "Plus belle la vie", mais impossible à placer avant Gaëtan Picon dans ma bibliothèque.