Comédie d'après la correspondance de Béatrice Stella Campbell et George Bernard Shaw, mise en scène de Régis Santon, avec Francine Bergé et Marcel Maréchal.
Le spectacle célèbre, rendu inoubliable, autrefois par Jean Marais et Edwige Feuillère, est repris actuellement au Théâtre La Bruyère.
Fin du XIXème. Le brillant auteur de théâtre irlandais George Bernard Shaw, au moment ou Wilde s'enfonce dans sa nuit victorienne, entame une relation passionnée avec une comédienne, Béatrice-Stella Campell, qui créera notamment le fameux rôle de la vendeuse de violettes de "Pygmalion".
Suivra, pendant un demi-siècle, une correspondance moqueuse, complice, traversée par les traits d'esprit du grand écrivain et la vivacité, sans orthographe, de l'actrice. L'affection et le duel se croiseront dans ces lignes de coeur.
Une duo étonnant, inattendu, Marcel Maréchal et Francine Bergé, a été réuni pour donner à cette version de "Cher menteur" une tonalité à la fois plus charnelle, plus drôle, plus tendre qu'à ce qui avait été donné précédemment.
Maréchal, en Shaw, est malicieux, insupportable vieux gamin facétieux, amoureux, sans jamais oser le dire, bouleversant de métier et d'émotion, tandis que Francine Bergé est "la" comédienne, fantasque, capricieuse, incontrôlable et consciencieuse à la fois, extrêmement émouvante.
C'est un pur bonheur d'entendre Marcel Maréchal prononcer "Haendel" et "crescendo" à la française, avec audace, à contre-courant. Des deux comédiens, on ne perd pas une syllabe, chaque mot est reçu et honoré. Ils servent leur art, tout simplement, et c'est une leçon.
Grâce à cette correspondance, on traverse le temps, les guerres, assiste à une répétition à Londres, à une sieste ensoleillée à Paris, à la mort déchirante de la mère de Shaw.
Réussite totale, mise en scène habile de Régis Santon, c'est un spectacle généreux, avec des comédiens qui donnent tout ce qu'ils sont et tout ce qu'ils aiment. Et l'on est touché et l'on applaudit et l'on aime ce qu'ils sont.
Cher Théâtre !