Malgré son titre "La Tristesse du Samouraï" et la toile de fond originelle de la Guerre d'Espagne, le roman de Victor Del Arbol ne constitue ni une épopée liée la pratique du bushido ni une fresque historique mais une déclinaison d'un thème vieux comme la tragédie grecque.

Celui de la malédiction et de la vengeance, mais selon, toutefois, une déclinaison contemporaine aux causes et enjeux bien plus triviaux que ceux, par exemple de l'Orestie, puisqu'il s'agit plus simplement d'un règlement de compte conjugal dont les conséquences vont empoisonner les générations suivantes en application d'un principe qui veut que "l'ignorance ne rachète pas la faute".

1941, après l'attentat raté, qu'elle a soutenu, contre son mari, Guillermo Mola, un chef régional de la Phalange espagnole, une femme est retrouvée assassinée. L'instituteur du village qui en était amoureux et qui assurait les fonctions de précepteur de son fils cadet psychotique, enfant fasciné par les armes de samouraï et qui recevra un katana spécialement conçu pour lui par un forgeron local, est injustement accusé et exécuté alors que le crime a été commis par un partisan du mari qui se trouvait également être l'amant de sa femme.

40 ans plus tard, une jeune avocate, fille de ce forgeron, manipulée par son ex-mari qui travaille dans les services secrets sous la direction d'un colonel qui fut un des sbires obscurs de Mola, est amenée à se rapprocher, pour lui extorquer des renseignements, d'un policier dont elle avait obtenu la condamnation, policier qui est le fils du précepteur précité et dont la fille a été enlevée pour servir de caution à son silence car il enquêtait sur les agissements d'un député qui se trouve avoir été l'exécuteur des basses oeuvres de Mola.

Voilà pour la bobine de fil, souvent sanglante et toujours violente, au déterminisme implacable que Victor Del Arbol propose au lecteur de démêler, au rythme du pathos ibérique qui prend le pas sur la psychologie des personnages, à coups de flash-backs successifs pour dévoiler les secrets mortifères du passé et que la malédiction se consomme jusqu'à la quasi extinction de tous les protagonistes, même si "les innocents paient pour les coupables" parce que "personne n'est jamais complètement innocent".