"J’ai trouvé dans la poussière du grenier endormi la Boîte à ooTi, des souvenirs pâles et des vieux amis, des colères, des peines, un peu de scandale et des tragédies, des fantômes et des faux amis, regrets et remords, espoirs évanouis."

Voilà, c’est dit, this is La Boîte à ooTi. C’est son premier album. C’est la chanteuse ooTi, avec John Trap et Arnaud Le Gouëfflec, et Dominique A qui vient sur deux titres. C’est en français.

S’il fallait décrire la musique, c’est un mélange des notes cristallines qui s’échappent lentement des mobiles en peluche qu’on accroche au-dessus des lits de bébés avec des bruits dans la nuit. C’est de l’electro étouffée par des plumes et des percussions de cailloux qui tombent dans l’eau. C’est cette voix douce et mystérieuse, à fleur de chuchotis, murmurant des confidences au creux de vos oreilles.

Marre des rapprochements avec Tim Burton ! Pour moi, ces trois-là font partie de la grande secte des utopistes qui ont toujours dans la main celle de l’enfant qu’ils n’ont jamais cessé d’être. Si vous croyez aux fantômes, si les forêts vous font penser à des géants endormis, si vous parlez à la lune et écoutez la mélopée de la pluie, si vous inventez ce qui ce cache derrière toutes les portes, si vous trouvez les passages secrets, si vous vous prenez pour une princesse oubliée ou pour un chevalier errant, si vous faites des grimaces ou des clins d’œil à votre miroir hanté, La Boîte à ooTi est faite pour vous.

"Chanson Minérale", c’est l’histoire d’un petit chaperon qui cherche à rentrer chez elle en passant par une forêt, pas de bol, il pleut, les loups ne sont pas loin, les arbres prennent vie et grimacent à n’en plus finir…

"L’interprétation des signes", premier titre "ambassadeur" du groupe, qui valide mes envies de compréhension de tout : déchiffrer les rébus, les papyrus, les formes des nuages, les lignes de la main, les formes des cailloux, les empreintes dans la boue, les fissures des murs "peut-être est-ce mon imagination ?"

"Le manteau de pluie", c’est cette chose que nous portons quand il pleut, vulgairement réduit à K-Way ou imperméable en toile ciré. Et c’est mieux que ça, "je mets mon manteau de pluie et je pleus", pour illustrer tout ce qui évoque la pluie : la mélancolie, les larmes, les frissons humides, les flaques… Idem pour le manteau de nuit, avec ses câlins, ses rêves, ses cauchemars et sa lune.

Entre comptines et invocations, entre mélodies mystiques et histoires de légendes, entre donjons et dragons, entre ombre et trésors, La Boîte à ooTi vous replongera dans les saveurs de l’enfance, avec une note d’adulte, ce qui permet de frissonner encore, parce que tous les arcanes des songes nous sont encore inconnues, rêvons, bâtissons de nouvelles légendes.

Avec "L’heureux donateur", Magritte dessinait les rêves dans la silhouette au fameux chapeau melon, La Boîte à ooTi pose les mots et la musique des rêves éveillés.