Réalisé par Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard. France. 2011. Fantastique, Science-fiction, Action. Avec Alexandre Rodriguez, Savitri Joly-Gonfard et Guillaume Bouvet.
Il en va du court-métrage (et du moyen-métrage) comme d'un grand magasin parisien dont je ne vous ferais pas l'injure de vous rappeler le nom. Sachez tout de même que l'on y trouve de tout ! Des oeuvres abouties tout comme des premiers tours de manivelle d'éventuelles futures grandes signatures du 7ème art.
Et l'académisme parfois ennuyeux, voire moralisateur, qui a eu tendance à s'imposer dans ces formats est fort heureusement depuis longtemps en perte de vitesse au profit d'oeuvres plus punchies, variées et inventives.
C'est le cas de Kaydara, moyen-métrage dont les auteurs ont investi l'univers de la trilogie Matrix pour y développer leur propre histoire à la manière des fan films. Encore que les créateurs de Kaydara déclarent ne pas être spécialement des fans de Matrix et que, par ailleurs, on s'approche plus (et de près) d'une licence que l'on aurait confié à un nouveau tandem de réalisateurs que d'une brouillonne tentative de singer l'original à grand renfort de bouts de ficelle.
Côté invention, on est servis, puisque ce moyen-métrage commence par un désopilant court-métrage d'animation (Ratrix) entre animation de marionnettes, maquettes et images de synthèse réalistes. Court-métrage lui-même dans l'univers de Matrix mais de manière somme toute décalée, décalage permettant de caractériser l'un des personnages de la suite du film. Suite cette fois beaucoup plus "fidèle" à sa référence puisqu'il est de nouveau question de faire la peau à l'élu dans cet univers qui en a tant séduit certain(e)s.
Cependant, dans Kaydara, cette rude tâche est confiée à des chasseurs de prime... donc, du western à la sauce numérique où les colts sont remplacés par des sabres d'acier qui coupent pour de vrai et des techniques de combat d'arts martiaux à mains nues conformes au modèle (et y'a du gun fight aussi hein). De quoi ravir les aficionados de la trilogie des frères Wachowski qui trouveront là une occasion de se replonger à nouveau dans leur univers de prédilection et ce, à bon compte, puisque le film est visible sur internet de manière totalement gratuite et légale.
Et pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur les coulisses de ce travail monumental (2 semaines de tournage suivies de 6 ans non-stop de post-production assumées à 99% par les auteurs), un fantastique making off de deux heures les attend. Et là aussi, ça vaut le détour lorsque l'on sait que Kaydara a été "fabriqué" en-dehors des circuits professionnels de production, sans aucun financement autre que celui des auteurs qui ont compté principalement sur leur savoir-faire et leur ténacité pour obtenir un résultat qui les situe sans discussion possible dans la catégorie des auteurs à suivre, puisque, bonne nouvelle, ils ne comptent pas en rester là.