Le Musée des Impressionnismes à Giverny accueille une sélection représentative des chefs d'oeuvre de la peinture française du 19ème siècle détenus par le Sterling and Francine Clark Art Institute à Williamstown dans le Massachussets qui abrite l'importante collection des époux Clark.

Héritier de la fortune des machines à coudre Singer et issu d'une famille de collectionneurs et de mécènes, Sterling Clark et son épouse française Francine Clary, agissant en amateurs éclairés guidés par leur goût et leur sensibilité, ont fait des choix éclectiques, qui, avec le temps, se sont révélés particulièrement bien inspirés.

Présentée sous le commissariat conjoint de Richard Rand, conservateur en chef au Sterling and Francine Clark Art Institute, et Marina Ferretti Bocquillon, directeur scientifique-conservateur au Musée des Impressionnismes, "La collection Clark à Giverny, de Manet à Renoir", qui constitue la seule étape française d'une exposition au parcours international qui, commencé à Milan en 2011, s'achèvera en Chine en 2013, offre un exceptionnel et synthétique voyage au sein de l'histoire de l'art français du 19ème siècle.

De l'académisme à l'avant-garde 

Portraits, paysages, scènes de genre notamment avec des jeunes femmes, et natures mortes, les Clark s'intéressent à tous les styles et registres picturaux avec toutefois une prédilection pour l'impressionnisme et une passion pour Renoir qui les amènent à détenir une des plus importantes collections privées de ses oeuvres.

C'est donc naturellement que l'exposition est articulée autour de ces deux points d'orgue.

"Renoir au XXème siècle", exposition consacrée à l'oeuvre tardive de Renoir qui s'est tenue au Grand Palais début 2010, illustrait le quasi-revirement du peintre, devenu une figure emblématique de l'impressionnisme, qui s'est ensuite tourné vers la peinture de figure en atelier en opérant entre le réalisme impressionniste et l'idéalisme académique.

C'est sans doute ce syncrétisme réussi qui a séduit les époux Clark qui manifestaient autant de goût pour les peintres contemporains que de fascination pour les grandes oeuvres du passé et qui appréciaent particulièrement les portraits de femmes.

A côté de quelques paysages impressionnistes ("Coucher de soleil", "Le Palais des Doges à Venise", "Pont de chalons", "La Baie de Naples le soir") et natures mortes dont un éclatant bouquet de pivoines rouges, ce rouge qui sublime nombre de ses toiles que ce soit par une infime touche (la bouche d'oreille de la "Jeune femme au crochet") ou en contraste lumineux avec le vert ("La lettre"), des portraits de femmes en majesté.

Des femmes à tous les âges de l'enfant à la femme dans sa maturité ("L'enfant à l'oiseau", "L'ingénue","Jeune femme à l'éventail", "Baigneuse nue", "Madame Monet").

Mais également de toute condition sociale ("La jeune fille endormie au chat", "Une loge au théâtre").

Des portraits à rapprocher, par opposition, à ceux présentés en début d'exposition, réalisés par des portraitistes bourgeois tels James Tissot avec sa femme au jardin nimbée de chrysanthèmes, Giovanni Boldini et James Stevens.

Par ailleurs, donc, une salle regroupe la fine fleur de l'impressionnisme avec leurs précurseurs Corot le peintre du paysage ( "Les baigneuses des îles Borromées" superbe) et Degas et ses ballerines ("Danseuses au foyer", "Avant le cours").

De nombreuses toiles de Pissaro, dont un subtil paysage enneigé ("La maison de Piette à Montfoucauld"), des variations sur le thème de la route en résonance avec "La route au bord de l'eau" de Corot et un laiteux "Louvre vu du Pont Neuf"

Monet, bien évidemment mais avec des toiles de jeunesse ou de la maturité ("Les oies de ruisseau", "Les falaises d'Etretat", "Champ de tulipes à Haarlem") et un magnifique "Printemps à Giverny", et de Sisley avec des paysages fluviaux du Loing à la Tamise en passant par la Seine.

Et une mini-galerie réunit des natures mortes, de Fantin-Latour à Manet.

Auparavant, le visiteur aura pu se rafraichir la mémoire avec une sélection d'oeuvres des peintres de l'Ecole de Barbizon. Au menu, la sérénité des scènes rurales de Millet ("La bergère") et Constant Troyon ("Le troupeau d'oies") et maritimes de Boudin (Trouville, la rentrée des barques") et John Bartold Jongking ("Frégates").

Un beau parcours enchâssé entre le post-impressionnisme représenté par Bonnard, Gauguin et Toulouse-Lautrec et l'académisme représenté par William-Adolphe Bouguereau, le peintre du nu féminin ("Nu assis") et les scènes orientalistes de Jean-Léon Gérôme ("Charmeur de serpents", "Marché aux esclaves").