Comédie de René de Obaldia, mise en scène de Georges About, avec Christian Baltauss, Séverine Cojannot et Anne Turolla.
Elvire et Franklin doivent se rendre à dîner chez les Paniquel. Cela ne séduit guère les deux conjoints qui se sont installés depuis treize ans de vie commune, dans une médiocre cohabitation teintée de frustration et d'habitudes.
Presque une heure et la baby-sitter se fait attendre ; débute une conversation plus ou moins tendue, pleine de ressentiments, nourrie de leur quotidien nébuleux.
Franklin déclare et assume pleinement devant sa femme qui semble rompue à la discussion, son "complexe de baby-sitter": c'est à dire qu'il vit difficilement le fait d'être forcé, à l'arrivée de chacune de ces ravissantes créatures, venues veiller sur leur progéniture, de quitter son logis. Il exprime librement cette déception profonde à sa femme blasée "Treize ans de vie conjugale. Mais où sont les feux de Bengale?" s'interroge le couple qui ne cherche plus guère à feindre l'entente cordiale.
Lorsque arrive enfin la baby-sitter, les deux époux sont étonnés : celle-ci n'est pas réellement la personne qu'ils s'attendaient à voir apparaître et leur soirée va prendre un tour inattendu ...
Fable moderne et inépuisable sur la vie de couple, cette pièce choisit de soulever le sujet de manière originale et cocasse comme sait l'être l'écriture de l'auteur dramatique, poète et académicien français René de Obaldia. C'est par le biais d'une situation inattendue que le couple se teste et parvient dans l'exagération à s'interroger sur la tournure prise par leur mariage.
Dans cette petite salle de l'Aire Falguière qui fleure bon la convivialité, le jeu exaltée de Séverine Cojannot, prend des proportions impressionnantes, quitte à effrayer le spectateur déconcerté. Car celle-ci fait prendre à cette visite une bien étrange tournure: déchaînée et envahissante, son jeu tranche avec la quiétude et le naturel des deux autres comédiens : le cynique et flegmatique Christian Baltauss et la tranquille assurance d'Anne Turolla.
A leur vérité du jeu répond son attitude excessive et ses débordements, tout à fait appropriés au personnage mais, qui peuvent amener à la trouver bien encombrante et indécente et donner quelques maux de tête à certains...
Au final le trait est à la fois léger et mordant, et la situation tout à la fois cocasse et agressive. Si l'intrigue déroule l'éternelle question du couple, l'originalité réside justement dans ce troisième protagoniste bien inhabituel qui se découvre révélateur de failles conjugales... |