Spectacle musical de et avec Pascal Amoyel mis en scène par Christian Fromont.
Pour les 30 ans de la disparition du compositeur hongrois György Cziffra, dont il fut 'élève et dont il s'est fait le disciple, Pascal Amoyel reprend "Le Pianiste aux cinquante doigts", le spectacle-concert écrit en son honneur.
Avec son piano, qui occupe presque toute la largeur de la scène du théâtre, une fois de plus, et comme à chaque fois, Pascal Amoyel va faire un triomphe, et convaincre de nouveaux spectateurs que c'était une bonne idée d'introduire la musique dans un théâtre pour proposer un spectacle qui mélange les mots et les notes. Il a dit, quelque part, qu'il ne se voyait pas jouer pour la millième fois "la sonate au clair de lune" ou l'intégrale des "nocturnes" de Chopin.
Il a préféré se faire pédagogue à l'image de Cziffra. Celui-ci, avant d'être un concertiste célèbre, fut d'abord un homme victime de l'Histoire. D'origine tzigane, il n'était pas le bienvenu dans la Hongrie. alliée des nazis pas plus, ensuite, dans la Hongrie communiste. Les uns et les autres s'acharnèrent à le priver de piano et à l'astreindre à des travaux manuels harassants. Il faudra attendre qu'll obtienne la nationalité française en 1965 pour que ce jeune prodige qui composait dès ses cinq printemps devienne à jamais l'un des plus grands musiciens du XXème siècle.
Dans son spectacle, Pascal Amoyel s'attache à restituer la musique de Cziffra comme celui-ci la jouait. Le voilà donc empruntant les chemins escarpés et dangereux de la virtuosité. Pareillement, il sait user de la parole pour émouvoir l'auditoire. Il raconte comment, petit garçon, il découvrit grâce à sa concierge l'existence de Cziffra et comment il devint son élève pendant toute sa jeunesse.
Pascal Amoyel, qui a aussi consacré des spectacles "piano-voix" à Beethoven ("Looking for Beethoven") et à Liszt ("Le jour où j'ai rencontré Liszt") est devenu un excellent conteur. Ce serait sans doute trop le flatter, tant son jeu musical est miraculeux, d'écrire qu'il parle aussi bien qu'il joue. Il suffit de dire qu'il a donné ses lettres de noblesse à ce genre de conférence musicale au point qu'on pourrait parler de "confidences musicales" où il partage avec une grande générosité tout ce qu'il a acquis dans son art.
Rarement, on aura l'occasion de vivre de tels moments de grâce. On demande ainsi pardon à tous ceux qu'on n'aura pas convaincu de venir voir, mis en scène par Christian Fromont et éclairé par Attilio Cossu et Philippe Séon; "Le Pianiste aux cinquante doigts".
Ils ne sauront pas pourquoi on surnommait Cziffra comme cela, et puis, surtout, ils seront privés à jamais de ce bel exercice d'admiration que réussit ici Pascal Amoyel à la perfection. |