Comédie de Copi, mise en scène de Philippe Calvario, avec Michel Fau, Louis Arène, Sissi Duparc, Eric Guého, Marianne James, Lionel Lingelser et les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence.
Les années 80: Mitterrand au pouvoir, les Village People, le sida et...
Copi.
L'Athénée reprend un de ses "textes" ("comme ils disent...") c'est à dire une de ses pièces, montées alors, juste après la mort de l'auteur, par Jorge Lavelli, "Une visite inopportune".
Dans une chambre d'hôpital, un patient en phase terminale...ou un impatient en phrase théâtrale, "folle" grandiose mettant en scène sa mort, reçoit ses admirateurs, attendus ou rêvés ou redoutés: un ami, qui prépare déjà ses funérailles, un journaliste joli garçon, une horrible diva qui l'aime et veut entrer en fusion, telle une vieille centrale nucléaire fissurée et à paillettes.
Sur ce canevas, Copi développe un délire grand-guignolesque à base de lobotomies, de discours médicaux fumeux et bonhommes, de glissades humanistes et amicales dans les flaques de son propre sang : sa mort est impossible grâce aux accessoires.
Force est de reconnaître que ce délire a bien vieilli, démocratisé par les chars des carnavals de la plus ou moins gaie "Pride". La présence de religieuses travesties accentue cette provocation qui n'a plus de bulles. Les mannequins du musée Grévin tendent leurs doigts crochus et Copi, de l'au-delà, souffle sur la braise de ses mots pour que ses personnages ne finissent pas encirés. Et ces mots, parfois, ressuscitent une flammèche.
La distribution et une mise en scène intelligente de Philippe Calvario sauvent quelque peu ce radeau de la Méduse : Michel Fau, éblouissant, avec une mèche qui bouge comme un rideau de théâtre. Quel comédien ! Laurence Olivier de l'Ambigü, Hamlet - prononcé, O joie, à la française, sans t ! - royal héros-positif, déculotté du Sublime, incarnant de toutes ses fibres ce futur bouffon de Dieu... Copi.
A ses côtés, l'incroyable Louis Arène, médecin fou et humanitaire, génial, qui se déchaîne dans son délire sciant et scientifique : chaque seconde de sa présence est une note juste dans la clé de rire. Eric Guého et Lionel Lingelser sont à leur place.
Les femmes, quant à elles, illustrent la conception copienne du beau sexe : hystérie et compagnie. Sissi Duparc, l'obèse infirmière, hurle et gesticule, sans jamais être humaine ou fragile. Enfin, Marianne James, cantonnée dans une énième reprise de "L'ultima recital" (dont les anciens se souviendront) débite sa partition, face au public, figée dans le grotesque. Pauvres femmes dans cet univers de copie...
Pièce historique dans son genre, cette "Visite" charmera ou révulsera.
Que reste-t-il de nos amours ? |